Le nouveau rebondissement dans l'affaire déclenchée par l'ancien logement de fonction du ministre français de l'Economie, Hervé Gaymard, relance la polémique. En ce qui concerne cette affaire, les avis restent très partagés, mais le bilan de santé de la démocratie française fait l'unanimité : elle se porte très bien. La polémique déclenchée par l'ancien logement de fonction d'Hervé Gaymard, ministre français de l'Economie et des Finances, ne s'est toujours pas estompée. Le locataire de Bercy (ministère français de l'Economie) a eu même droit à la “Une” des journaux français, le du jeudi 24 février 2005. S'agit-il d'une chasse à l'homme ? ou alors, d'un abus de bien publics avéré ? En tout cas, la gestion de cette polémique par l'interréssé lui-même est, assurément, défectueuse. Ses maladresses et « omissions » se sont multipliées. Au moment où le mea culpa d'Hervé Gaymard allait calmer les choses, la polémique sur son ancien logement de fonction a rebondi, le mercredi 23 février, après les révélations du “Canard enchaîné” sur le vaste appartement qu'il possède au coeur de Paris. Dans l'après-midi, le ministre de l'Economie s'est engagé à rembourser tous les frais du duplex de 600 m2 qu'il a dû quitter dans le VIIIe arrondissement - rupture de bail, loyer en cours et 31.800 euros de travaux. Il a également confirmé qu'il possédait dans le Ve arrondissement de Paris un appartement en location depuis août 2002 et dont la surface est de 200 m2, non de 235 m2 comme l'affirme “Le Canard enchaîné”. Toutefois, le ministre affirme qu'il n'a rien à se reprocher et ajoute qu'il ne se laissera pas "épingler comme un papillon". "Je ne vais pas me laisser épingler comme un papillon, alors que je suis propre comme un sou neuf et que nous travaillons comme des fous pour la République", a déclaré le ministre de l'Economie, mercredi en début d'après-midi, peut-on lire dans “Le Figaro”. Disant être "complètement soutenu, autant à Matignon qu'à l'Elysée", Hervé Gaymard ajoute que sa démission "n'est pas à l'ordre du jour". Et pourtant, selon “Le Canard enchaîné”, le ministre de l'Economie aurait proposé, dès la semaine dernière, à Jacques Chirac sa démission, que le président de la République aurait "mollement" repoussée. Après un premier article de l'hebdomadaire satirique, mercredi dernier, Hervé Gaymard a dû quitter précipitamment le duplex mis à sa disposition par Bercy rue Jean-Goujon, dans le VIIIe arrondissement. L'hebdomadaire conteste, cette semaine, les explications du ministre, selon lesquelles il ne s'était pas "personnellement occupé" de trouver ce logement de fonction. "Le duplex a été choisi par Clara Gaymard elle-même, sur proposition du chef de cabinet de son mari, Jean-François Tricaud", affirme “Le Canard enchaîné” qui ajoute que le ministre des Finances "est venu visiter le duplex au lendemain même de la signature du bail, le 10 janvier 2005". Hervé Gaymard n'a fait aucune déclaration après le Conseil des ministres. Il est sorti du palais de l'Elysée parmi les derniers, en compagnie du chef du gouvernement, Jean-Pierre Raffarin, avec qui il s'est entretenu dans le hall d'entrée. Lors du compte rendu du Conseil, le ministre délégué au Budget et porte-parole du gouvernement, Jean-François Copé, a refusé de commenter les nouvelles révélations du “Canard enchaîné” et les rumeurs sur sa démission. Prié de dire si cette affaire fragilisait le ministre de l'Economie, il s'est borné à répondre : "Hervé Gaymard a été très clair dans la manière dont il a exposé les choses. Il a indiqué immédiatement qu'il renonçait à s'installer dans cet appartement qui avait été loué pour lui. Par ailleurs, des règles très strictes ont été posées pour le logement des membres du gouvernement. Elles sont d'application immédiate et chacun s'y conforme (...) Hervé Gaymard a pris des dispositions auxquelles il se conforme scrupuleusement." Prenant la défense de son collègue, Jean-Louis Borloo a affirmé sur RTL qu'Hervé Gaymard était "terriblement blessé" par cette polémique. "Je suis sûr qu'il est blessé, parce ce que n'est pas l'image qu'il a de lui-même, en tout cas ce n'est pas l'image que j'ai de lui", a déclaré le ministre de la Cohésion sociale. En révélant que la famille Gaymard était logée depuis le 1er février dans un duplex de 600 m_ pour un loyer mensuel de 14.000 euros pris en charge par l'Etat, “Le Canard enchaîné” a déclenché une vive polémique sur le logement des ministres. Hervé Gaymard a renoncé à occuper cet appartement et Jean-Pierre Raffarin a modifié les règles encadrant les conditions de logement des membres du gouvernement. Désormais, la prise en charge par l'Etat des appartements occupés par des membres du gouvernement ne pourra excéder une superficie de 80 m, à laquelle s'ajouteront 20 m, par enfant à charge. Soit, dans le cas du couple Gaymard, parents de huit enfants mineurs, une surface de 240 m_. De son côté, le président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, a estimé jeudi que les Français risquent de "juger avec une certaine sévérité" Hervé Gaymard pour l'affaire de son logement payé par l'Etat. Mais pour l'ancien locataire de Bercy, "le ministre a reconnu des erreurs et il en a tiré toutes les conséquences très rapidement". "Je continue à penser que cela ne sert à rien de l'accabler et de se livrer à une forme de chasse à l'homme", a-t-il conclu.