Le ministre français de l'Économie, Hervé Gaymard, ne va pas démissionner. Nous sommes soulagés. On l'a échappé belle. Une démission d'Hervé aurait eu un impact terrible chez nous. Tout aurait été chamboulé. Le ministre français de l'Économie, Hervé Gaymard, ne va pas démissionner. Nous sommes soulagés. On l'a échappé belle. Une démission d'Hervé aurait eu un impact terrible chez nous. Tout aurait été chamboulé. La mise à niveau, la transition démocratique, les auditions de l'IER, le Plan Azur, la loi de Finances, la majorité gouvernementale, la grille des salaires de la Fonction publique, le comité du Raja de Casablanca et l'organigramme de la Cour des comptes. Et, pourtant, ce Gaymard n'a rien fait de mal. Il habitait paisiblement un luxueux appartement-duplex de 600 m2 dans un quartier noble à Paris. C'est un ministre quand même! C'est l'État français qui payait le modeste loyer de 14 000 €. Il a fallu que «Le Canard Enchaîné» sorte cette affaire pour que Monsieur Gaymard, son épouse et ses huit enfants déménagent en catastrophe. Les pauvres ! Déstabiliser un activiste, pur et dur, au service de la natalité française et son épouse consentante de la sorte est un crime contre les équilibres démographiques de la République. Quand on tient un couple aussi prolifique que celui-là, il ne faut pas le malmener. Ils sont fous ces Gaulois. Au lieu de donner à Gaymard la Médaille du mérite conjugal avec grade de hussard, ils le foutent à la rue. Et le Premier français, paniqué, quant à lui, et habitué aux débandades, décide de pondre un décret anti-Gaymard. Désormais, les logements de fonction des ministres devront comporter 60 m2 pour le couple ministériel et 20m2 supplémentaires pour chaque enfant légitime. Des cages à lapin en quelque sorte. Ridicule. Toujours selon le journal satirique, on apprend que ce sacré Hervé était propriétaire d'un appartement de 235 m2, au Boulevard Saint-Michel à Paris, et qu'il le prêtait à un ami haut fonctionnaire de son état pour, peut-être, assurer, lui aussi, sa descendance. C'est bizarre tout ça. Voir un pays comme la France remué par cette affaire insignifiante est d'une tristesse inouïe, alors que, chez nous, un ministre a le droit de se reproduire tranquillement chez-lui, quand ce n'est pas chez-nous, sans jamais courir le risque de voir un arpenteur débarquer. Ça ne se fait pas, malgré les faiblesses aujourd'hui avérées de notre taux de natalité et malgré la vigueur multiséculaire du mâle marocain quand il est en forme. Imaginez un moment que ce Gaymard ait démissionné. Driss Jettou aurait été obligé de s'aligner à cause de la mise à niveau des accords de libre-échange sur cette jurisprudence républicaine. Tout le monde dehors. Des ministres sans abri. Des bidonvilles ministériels. Des gourbis gouvernementaux. Une vraie crise sociale. On aurait créé un Office de relogement ministériel. Un programme d'urgence de villas de recasement. On aurait peut-être même assisté à un sit-in de ministres délogés devant le Parlement avec intervention des CMI, matraques, dispersion et tout le toutim. On voit d'ici le drame. Le retour des années de plomb ! Régression démocratique ! Que fait l'AMDH ? Benzekri au poteau ! Changez l'article 19 ! Ménard au secours ! Vous connaissez tous la technique, on aurait eu deux pages dans «El Mundo» sous la signature de Tintin : «Le Makhzen n'est plus ce qu'il était, il mange ses enfants.» Heureusement – vraiment - que ce Gaymard n'a pas démissionné.