Aujourd'hui, Ali Lmrabet nous apprend dans El Mundo que Moulay Hicham aurait été l'objet d'une «tentative d'assassinat». Les guillemets utilisés par lui nous montrent qu'il a quand même un petit doute sur l'info. Admirez la distance professionnelle ! Depuis que Ali Lmrabet est devenu, quand il n'est pas à Tindouf, un journaliste attitré du quotidien espagnol El Mundo de P.J. Ramirez, je ne rate plus aucune édition. Celle du 17 février 2005 est un pur régal. Ali est en train d'accomplir un travail de titan qui restera dans l'histoire multiséculaire de la presse ibérique. Après avoir donné ses lettres de noblesse au conditionnel dans la presse marocaine, il est entrain d'introduire le futur antérieur dans la presse ibère. Pour un gars d'une composition facile, pour peu que ce soit anti-marocain, il conjugue désormais son talent professionnel à d'autres modes, notamment celui à qu'il connaît, le bidonnage. «Mais, monsieur le juge j'ai donné l'information de la vente du Palais de Skhirat au conditionnel.», dit-il avec une rigueur professionnelle qui force l'admiration. «Rassurez-vous, monsieur Lmrabet, avec les conneries que vous débitez ce n'est pas le conditionnel qui va vous sauver, moi je vais condamner au présent», dit le juge sur un ton très bescherellien. C'est comme ça que tout a commencé et que tout a fini en même temps. Aujourd'hui, Ali Lmrabet nous apprend dans El Mundo que Moulay Hicham aurait été l'objet d'une «tentative d'assassinat». Les guillemets utilisés par lui nous montrent qu'il a quand même un petit doute sur l'info. Admirez la distance professionnelle ! N'empêche qu'il relaye largement un article de Simon Maley du mensuel Afrique-Asie, une institution déontologique tricontinentale, dans lequel il est dit, sous un mode interrogatif cette fois-ci, que la supposée tentative d'assassinat du Prince Moulay Hicham n'aurait pas pu être menée à son terme à cause d'une probable intervention d'un service secret étranger. C'est du solide. Avec du béton de cette nature, c'est le prix Pulitzer du bidonnage qui va tomber dans l'escarcelle de notre cher Ali, le martyr de la transition démocratique. Maintenant, ce n'est pas tout. M. Ali signale qu'un journal marocain, Al Ayyam, a fait état des interrogations de Simon Maley, donc il faut croire, par cela que l'affaire est sérieuse. Mieux, Tintin se rapproche d'un proche du Prince pour recouper la non-info. Réponse : je cite le proche en question qui, dans ce cas d'espèce, risque d'être l'intéressé lui-même. «Cette information circulait depuis deux mois, mais ce n'est que cette semaine qu'elle a été publiée dans la presse.» Si vous n'avez pas pété les plombs jusqu'à présent il faut comprendre par cette déclaration que le proche du Prince ou le Prince himself a appris cette sinistre nouvelle circulante par voie de presse. Nous avons donc vraisemblablement affaire à une tentative d'assassinat qui n'existerait -sage précaution- que dans la presse. Conséquence, le Prince en question -très inquiet pour la première fois de sa vie- dès qu'il a appris la nouvelle faisandée a préféré quitter Rabat, où il se trouvait pour rejoindre Princeton où il serait en sécurité. Tout cela, à la virgule près, est, sans sourciller, dans le papier de Ali Ben Abdelaziz Al Mourrakouchi. Suit, après, un long développement sur les déboires du Prince. Ses mérites, ses succès, ses qualités et ses performances etc… Ensuite vient une autre déclaration de l'un des rares amis du Prince qui existent encore au Maroc -Putain, ce sacré Ali l'a trouvé ! Quel enquêteur redoutable ! - : «La persécution dont a souffert le Prince de 1999 à 2001, date de son départ, personne n'en a jamais souffert et encore moins (ou plus) un membre de la famille royale.» Admirez la charge citoyenne, le contenu démocratique et la fibre égalitaire du «encore». C'est un vrai bijou rhétorique à la féodalité à la fois progressiste et, éminemment,structurale. Et Ali Lmrabet de conclure : «Nous assistons, aujourd'hui, à un changement de stratégie dans la répression de la dissidence» entre guillemets bien sûr et accompagné d'un très informé «se demande-t-on parfois au Maroc.» Il en veut pour preuve, notre Tintin des dunes, la nomination de Yassine Mansouri à la tête de la DGED. Voilà comment une non-info, manifestement une grossière provocation, relayée sous une forme interrogative par un Simon Maley qui a toujours fait du très mauvais Béchir Ben Yahmed, reprise au Maroc par des copains du Prince, donne lieu à un papier signé dans El Mundo par un ex-futur obligé du même Prince qui est lui-même étonné par le truchement de son entourage d'apprendre cela par la presse. La boucle est bouclée. C'est du pur Ali Lmrabet dans toute son infinie splendeur. Quelle santé…