Soit mon ami Pedro a exagéré sur la fumette. Soit Driss Basri l'a mis en colère en tardant à lui verser ses émoluments de conseiller en communication. Soit il n'est plus en cheville avec Ali Lmrabet. On n'en sait fichtrement plus rien. La nouvelle vient de tomber, elle est fraîche. Pedro Canales, un journaliste en service au quotidien espagnol La Razon vient de trouver la raison ou la razon pour laquelle le Prince Moulay Hicham aurait échappé à une tentative d'assassinat dont il aurait été la victime. En fait, et le type est sérieux, il avance qu'une solution au problème du Sahara marocain aurait été trouvée. On transformerait ce territoire en Emirat et on mettrait à sa tête le Prince Moulay Hicham. Et le tour est joué. Or, car il y a un toujours un or dans ce genre de micmac, cette solution consensuelle n'aurait pas plu aux milieux d'affaires marocains ayant de gros intérêts à Laâyoune et à un certain nombre de galonnés marocains. Résultat, on aurait organisé une tentative d'assassinat du Prince, qui aurait échoué, car, évidemment, ce n'était qu'une tentative. Mais, dans tout cela, le gars est sérieux, il cite des sources marocaines crédibles -toutes les sources marocaines sont, de toutes les façons, crédibles - et il enveloppe tout cela avec une rigueur et un professionnalisme bien connus depuis le temps où il officiait à Alger avant de se faire repérer par les limiers de la Sécurité militaire. Soit mon ami Pedro a exagéré sur la fumette. Soit Driss Basri l'a mis en colère en tardant à lui verser ses émoluments de conseiller en communication. Soit il n'est plus en cheville avec Ali Lmrabet. On n'en sait fichtrement plus rien. Or (!), sur ce même sujet, la version de Ali dans El Mundo avait, quand même, un peu plus de panache. Elle était au conditionnel, certes, mais l'info était montée d'une manière assez circulaire. Le Prince apprend par le journaliste qui enquête, à fond la gamelle, qu'il aurait été l'objet d'une tentative d'assassinat annulée. Finalement, nous sommes tous forcés de constater que le niveau baisse dangereusement. On n'est plus servis. Plus moyen de trouver des adversaires à la hauteur. C'est une vraie atteinte à la haute idée que nous nous faisons de nos ennemis les plus intimes. Sur un autre plan, il faudrait quand même un jour qu'on finisse par foutre la paix à Moulay Hicham. Pour un garçon qui voulait moderniser la monarchie marocaine, la démocratiser, la mettre à niveau et la pérenniser, et qui, pour ce faire, était même prêt à payer de sa personne en faisant personnellement le job, le voir en Emir des dunes, avec probablement comme chambellan Abdelaziz Marrakchi est vraiment vexant pour lui. Comme il le dit lui-même, il avait une fenêtre de lancement historique pour un fauteuil à Rabat, il ne va, quand même, pas se contenter d'un strapontin à Laâyoune comme un quidam de Wali, même élevé aux grains du nouveau concept de l'autorité. En fait, cette idée n'est pas neuve. C'est feu Fqih Basri, un spécialiste hors pair de l'embrouille et du billard à cinq bandes, qui l'a mise de son vivant sur le tapis. Il s'en est ouvert un jour au Prince dans un bistrot parisien. Le vieux roublard avait tellement bien emballé l'affaire que l'idée continue à prospérer. Le vieux blanquiste qui connaissait sa monarchie marocaine par coeur -il voulait lui aussi la pérenniser à sa manière - et pour plaire au Prince pressé, lui a fourgué une fatwa historique qui faisait le parallèle entre lui et le Khalifa du Sultan à Tétouan, lors du protectorat espagnol, Moulay Hassan Belmehdi. Ce Fqih Basri -un talent de classe internationale - a été rappelé à Dieu, mais son idée continue à faire du chemin. Moi, qui connais bien Moulay Hicham pour l'avoir un peu fréquenté quand il était un Prince brillant et très fréquentable, je ne pense pas, aujourd'hui, qu'il soit fier des gens qui le fréquentent. La liste de ces gens-là est réduite, mais ils sentent tous, d'une manière ou d'une autre, le soufre: véreux, pas propres, aigris, Jean-Pierre Tuquoi, escrocs,manipulateurs, fous à lier, mythomanes, blanquistes, régicides, Canales et parfois même infiltrés. Un vrai défilé de haute couture. La double couture s'entend. Rendez-nous le Prince que nous avions connu! Et s'il faut absolument qu'il trouve un job sérieux au service de son pays et de son Roi, les idées ne manquent pas... Mais, vraiment, les intrigues et les magouilles à la petite semaine, montées par des gars plus que louches, ça suffit, cela devient un très mauvais polar.