Parallèlement aux pourparlers de Paris, plusieurs manifestations pro et anti-gouvernementales ont été organisées le week-end en Côte d'Ivoire. La force d'interposition ouest-africaine y prend progressivement ses quartiers. Partisans et opposants du régime ivoirien ont manifesté samedi lors de deux défilés distincts, l'un dans la capitale économique du pays, l'autre dans le fief rebelle du centre. A Abidjan, certains se sont dit « prêts à se battre » pour défendre leur président, d'autres ont mis en garde la France contre toute ingérence dans les affaires ivoiriennes. Le dirigeant du mouvement étudiant pro-gouvernemental, Jean-Yves Dibopieu, a même menacé de s'en prendre aux écoliers français présents dans le pays si les négociations de Paris devaient échouer. « Si ça se mélange à Paris, à chaque Ivoirien son petit Français », a-t-il lancé aux manifestants.. La tension était tout aussi extrême à Bouaké, ville contrôlée depuis fin septembre par le MPCI et où la population a encore une fois réclamé le départ de Laurent Gbagbo. Dimanche, le Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire a par ailleurs appelé ses partisans à manifester mercredi prochain, cette fois-ci à Abidjan, « contre les manœuvres d'intimidation du pouvoir ivoirien » à l'encontre des fonctionnaires et des ONG présents en zone rebelle. Son communiqué précisait que cette marche marquerait le « soutien (des démocrates) aux combattants de la liberté du MPCI, du MJP et du MPIGO ». Le « Collectif d'Abidjan», mouvement antigouvernemental, a aussi annoncé son intention d'organiser des « manifestations rapprochées pour exiger la démission du régime de Gbagbo Laurent », à compter du 26 janvier. Dans un tel contexte, et alors que les pourparlers de Paris sont toujours en cours, les premiers soldats de la force d'interposition ouest-africaine – 172 Sénégalais et 170 Nigérians - sont arrivés samedi en Côte d'Ivoire. Ils doivent être progressivement déployés – 1.200 hommes issus des différents Etats-membres de la CEDEAO sont attendus - d'ici deux à trois semaines. En attendant, la France a fait savoir que ses 2.500 soldats, qui supervisent le cessez-le-feu depuis le 17 octobre, se maintiendraient sur la même ligne que celle de la CEDEAO, mais qu'ils se replieraient ensuite à une cinquantaine de kilomètres de la zone tampon, sans se retirer. Très impliquée dans ce conflit, Paris accueille parallèlement depuis mercredi dernier la table ronde inter-ivoirienne, censée trouver une sortie de crise d'ici le 24 janvier. Les travaux à huis clos de ces pourparlers « progressent », a seulemetn indiqué samedi le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. « Les participants ont poursuivi les débats sur les grandes questions de fond », à savoir la nationalité, le statut des étrangers et les questions électorales, a ajouté François Rivasseau, lequel a aussi minimisé les derniers accrochages survenus en Côte d'Ivoire. « De l'avis des responsables militaires de l'opération Licorne, il s'agit d'incidents mineurs qui ne remettent pas en cause le cessez-le-feu », a-t-il commenté. Alors que les pourparlers rassemblant partis politiques et rebelles du pays entraient dans le vif du sujet, des accrochages entre forces loyalistes et rebelles dans le secteur de Blolequin, dans l'Ouest, avaient été rapportés jeudi. Plusieurs des 32 délégués avaient alors quitté la table des négociations. « Le cessez-le-feu doit être pleinement respecté et nous y veillons », a insisté le porte-parole du Quai d'Orsay.