Des violences ont éclaté dimanche entre les forces de l'ordre et des membres de l'opposition ivoirienne à Abidjan qui, la veille, avait connu une importante manifestation contre la France et les accords de Marcoussis. Dimanche, la colère de centaines d'opposants au régime ivoirien a éclaté, à la suite d'une rumeur sur le meurtre supposé d'un célèbre partisan du parti d'Alassane Ouattara. Si le décès de Camara Vakaramogo Yéréfé, acteur et membre du Bureau politique du RDR, n'a pas pu être confirmé dimanche à la mi-journée, la découverte de son corps – qui « portait au moins un impact de balle » – a été annoncée dimanche matin à la radio. Les membres du Rassemblement des Républicains ont aussitôt accusé les pro-gouvernementaux de l'avoir tué. Ils ont lancé des pierres, bloqué des rues et incendié des pneus dans deux quartiers populaires de la capitale économique. Les forces de l'ordre ont ensuite répliqué en matraquant les manifestants, en tirant des coups de feu en l'air et en envoyant des gaz lacrymogènes sur une foule essentiellement composée de Dioulas, des Musulmans originaires du nord de la Côte d'Ivoire. Cette manifestation est la première du genre organisée par des opposants au pouvoir alors que, depuis une semaine, les partisans du président Gbagbo défilent chaque jour pour dénoncer les accords de paix de Marcoussis et le rôle qu'y a joué de la France. Samedi, des centaines de milliers d'entre eux ont encore envahi Abidjan sans que d'importants incidents ne soient pour autant signalés. Cette manifestation entendait couronner une semaine d'actions violentes motivées par l'entrée annoncée des rebelles dans le futur gouvernement. Selon une partie de la population, cette mesure a été imposée par Paris au dirigeant ivoirien. « La France, dehors, on ne vous veut pas ! », scandaient certains jeunes patriotes, traitant le président français de « terroriste » et même de « nazi ». Le même jour, un groupe de contact de la CEDEAO s'est entretenu avec le président ivoirien pour le convaincre d'appliquer les accords. Aucune déclaration n'a découlé de cette rencontre. Le ministère français des Affaires étrangères a, quant à lui, conseillé à ses ressortissants, « dont la présence n'est pas indispensable », de quitter le pays.