Côte d'Ivoire. Les Etats ouest-africains ont annoncé dimanche l'envoi d'une force d'interposition en Côte d'Ivoire et décidé de l'organisation cette semaine au Togo des pourparlers de paix entre les rebelles et le gouvernement. Le Togo, ce petit pays situé à l'est de la Côte d'Ivoire, entre lesquels s'interpose le Ghana, a été choisi samedi soir par les Etats-membres de la CEDEAO, rassemblés en Conseil de médiation et de sécurité, pour abriter les négociations de paix entre les mutins et les autorités ivoiriennes. Organisée à Abidjan, cette réunion des ministres des Affaires étrangères des pays de la région faisait suite à celle des chefs d'Etat et de gouvernement du groupe de contact de la CEDEAO qui avaient désigné mercredi le président togolais, Gnassingbé Eyadéma, comme coordinateur de cette mission difficile. Un défi de plus pour ce chef d'Etat qui a par ailleurs déjà abrité dans sa capitale, Lomé, plusieurs sommets de paix, notamment pour le conflit en République démocratique du Congo. Les rebelles ivoiriens avaient quant à eux précisé vendredi qu'ils souhaitaient l'ouverture immédiate des négociations avec le gouvernement, mais hors de la Côte d'Ivoire. Le gouvernement semblait pour sa part rester inflexible sur le dépôt préalable des armes par les mutins qui contrôlent toujours les grandes villes du centre et du nord. Une revendication refusée par les rebelles, et qui a poussé les médiateurs de la CEDEAO à réclamer plus d'efforts de parts et d'autres afin que cette possible sortie de crise n'échoue pas. Assuré par les troupes françaises depuis sa signature le 17 octobre, le respect de la trêve entre les deux camps devrait être, d'ici les quinze prochains jours, le rôle de la future force d'interposition régionale. Samedi – et comme prévu lors du premier sommet régional le 29 septembre -, le Conseil de médiation et de sécurité a en effet décidé de déployer en Côte d'Ivoire quelque 2.000 soldats issus du Bénin, de Gambie, du Ghana, de Guinée-Bissau, du Mali, du Niger, du Nigeria, du Sénégal et du Togo. Le commandement de cette force tampon sera confié à un officier issu du pays qui apportera la plus grande contribution à cette armée, probablement le Sénégal. Son financement, lui, devait être discuté dimanche, avec les partenaires de la CEDEAO, la France, les Etats-Unis, le Canada et l'Allemagne, notamment. Cette ECOMOG avait déjà été utilisée – de façon tardive dans les conflits au Liberia et en Sierra Leone dans les années 1990. En attendant son déploiement en Côte d'Ivoire, ce sont les quelque 1.200 militaires français qui poursuivront leur rôle d'interposition entre les FANCI et les rebelles du MPCI, qui ont «coupé» le pays en deux : le nord à majorité musulmane aux mains des mutins, et le sud, essentiellement animiste et chrétien, contrôlé par les forces gouvernementales. La trêve semble avoir été à ce jour respectée, même si, samedi, les FANCI, ont encore une fois accusé les rebelles d'avoir progressé en direction de la ligne de cessez-le-feu, dans l'ouest du pays. Ce que les intéressés ont nié. La population fuit quant à elle toujours les foyers de tension, allant jusqu'à s'installer chez les pays voisins, attisant ainsi les craintes d'un embrasement du conflit -notamment dans son aspect ethnique- au-delà de la Côte d'Ivoire.