Les pouvoirs publics connaissent le poids de l'informel au Maroc, mais tardent à mettre en place une politique à même de réduire l'étendue du phénomène. Une journée d'études a été organisée, récemment à Mohammedia, sur le commerce souterrain avec comme objectif d'encourager l'intégration des commerçants ambulants dans le secteur formel. Les pouvoirs publics connaissent le poids de l'informel au Maroc, mais tardent à mettre en place une politique à même de réduire l'étendue du phénomène. Une journée d'études a été organisée, récemment à Mohammedia, sur le commerce souterrain avec comme objectif d'encourager l'intégration des commerçants ambulants dans le secteur formel. Les participants à cette manifestation ont trouvé la solution : sédentariser les marchands en question et leur garantir des micro-crédits. Initiative louable. Mais encore faut-il, en parallèle, arrêter la multiplication des camelots par l'application stricte de la loi. Ce qui est loin d'être le cas. Les autorités laissent faire et chaque jour apporte son lot de vendeurs de quelque chose qui squattent l'espace public et gênent la circulation. Perpétuelle anarchie. Pendant ce temps, les discoureurs officiels n'en finissent pas de pointer du doigt les conséquences néfastes de ce problème sur la machine économique sans que rien ne soit fait pour attaquer le fléau de front. En fait, ce qui mine réellement le tissu économique et commercial du pays c'est l'informel adossé à des structures industrielles. Des usines entières, installées dans les quartiers populaires et périphériques des grandes villes, agissent dans la clandestinité, échappant ainsi au fisc, à la CNSS et à toute forme de contrôle. Pire, certaines unités du secteur formel dans le textile par exemple, pour réduire les coûts et être compétitives, sous-traitent à ces ateliers de l'ombre une partie de leur production confectionnée par des petites mains non déclarées, sous-payées et corvéables à merci. Autrement dit, ce sont des petites et moyennes entreprises qui commencent à quitter le formel pour le souterrain. Ce phénomène inquiétant commence à faire tache d'huile. Là aussi, on ferme bien les yeux. Jusqu'à quand ? À force de laxisme, le problème se complique davantage, prend des proportions considérables et tue à petit feu un tissu industriel en clair-obscur dominé plus par la pénombre de l'illégalité que par la lumière de la loi. Ajoutez à cela le fléau de la contrebande et vous avez une idée sur l'état réel de l'économie nationale et de l'ampleur du manque à gagner pour le budget de l'État. Dans cette affaire, ce sont ceux qui travaillent dans un cadre régulier qui sont pénalisés par le jeu de la concurrence déloyale. En fait, un gouvernement, qui n'a pas de prise sur le réel pour le changer dans le sens souhaité par tous, ne peut pas combattre de tels maux. Des ministres qui ne maîtrisent pas la situation sur le terrain à travers les différents outils extérieurs censés être à leur disposition sont condamnés à faire de beaux discours. Pour s'en sortir, le pays a besoin de bien plus que de simples ministres qui ne commandent que dans l'enceinte de leur ministère. Et encore.