Bagdad est soumise à la pression de Washington dont le verdict sur le rapport d'armement est attendu cette semaine. Violentes critiques russes à l'égard de la position américaine. L'opposition irakienne, réunie à Londres depuis cinq jours, s'est prononcée hier pour un Etat fédéral et démocratique pour succéder au régime de Saddam Hussein. Elle a vécu cependant toutes les peines du monde avant de former un comité chargé d'assurer cette relève. Après d'âpres débats, supervisés indirectement par Washington, l'opposition irakienne a fini par adopter une déclaration politique. Son texte appelle à l'instauration d'un Etat fédéral, pluraliste, démocratique et parlementaire, débarrassé des armes de destruction massive qui effacerait des années de «pratiques répressives et terroristes» du régime actuel, y compris la « persécution des Chiites» et «l'épuration ethnique des Kurdes». La plate-forme adoptée à Londres fait appel à la légitimité internationale pour renverser Saddam Hussein et son régime. Elle dit vouloir aussi s'adosser à la légitimité populaire pour accomplir ce changement anticipé. La transition qui s'en suivrait ne devrait pas excéder les deux ans, selon ce document. Il précise qu'elle devrait être conduit par « un Conseil de Souveraineté » de trois membres et un gouvernement civil de coalition. Un « Conseil national » d'intérim, avec des pouvoirs législatifs, nommerait un comité d'experts pour rédiger un projet de constitution qui serait soumis à l'approbation populaire. Réagissant à ces déclarations d'intentions, Bagdad a réaffirmé qu' « il n'y a pas de place pour les traîtres en Irak », ajoutant qu'il ne laisseraient pas les Américains placer un gouvernement à leur botte à Bagdad. Par ailleurs, la Russie a critiqué les Etats-Unis pour avoir douté de la sincérité du rapport d'armement de l'Irak et d'avoir évoqué l'utilisation de la force contre Saddam Hussein. Avant que les inspecteurs de l'ONU n'aient évalué ce rapport et avant que le Conseil de Sécurité n'ait été réuni. À cet égard, c'est demain jeudi que le COCOVINU et l'AIEA doivent présenter aux Nations unies leurs premières conclusions sur le document remis par l'Irak. Kofi Annan, son secrétaire général espère que cette crise trouvera une issue pacifique : «il y a encore de l'espoir pour une solution pacifique si l'Irak se plie totalement aux exigences contenues dans les résolutions du Conseil de Sécurité», affirmet-il dans une déclaration de presse. Le week-end prochain s'annonce décisif pour l'évolution du dossier. Les Etats-Unis ont indiqué qu'ils feraient connaître leur jugement. Mais d'ores et déjà, Américains et Britanniques ont clairement indiqué que Bagdad ne s'est pas blanchi et qu'ils étaient prêts à entrer en guerre contre Saddam Hussein qui se dérobe aux exigences du Conseil de Sécurité. Ils se déclarent « très déçus » par le volumineux dossier de Bagdad sur ses programmes chimiques, biologiques et nucléaires. Sur le terrain, les inspecteurs en désarmement procédaient à de nouvelles recherches en Irak. Plusieurs équipes s'étaient rendues hier sur des sites à la quête d'armes prohibées. Une équipe est retournée à l'université de Bagdad où elle avait inspecté lundi un institut biomédical. Elle a entamé hier l'inspection d'un institut de recherche sur le plasma. Des experts en missiles, sont eux aussi retournés à l'usine Zat Al-Sawari dépendant du ministère de l'industrialisation militaire où se situe un vaste complexe à 18 km au Nord de Bagdad. Au plan des préparatifs militaires, la Turquie a fait savoir qu'elle souhaitait déployer des troupes au Nord de l'Irak, en cas de frappe contre ce pays, pour empêcher que les Kurdes turcs n'y fondent leur propre Etat. Ankara désire même que le nombre de ses soldats déployés dans le Nord irakien soit supérieur à celui de soldats américains. Des unités militaires turques sont déjà placées en état d'alerte et des renforts transférés depuis l'Ouest vers l'Est du pays. La Syrie et l'Iran renforceraient également leurs dispositifs militaires aux frontières avec l'Irak.