Le réalisateur Nour-Eddine Lakhmari, un passionné du cinéma, s'apprête à tourner la deuxième partie de son premier long-métrage « Le retour » et se concentre sur le montage de sa sitcom. S'il y a une chose que Nour-Eddine Lakhmari déteste le plus dans le 7ème art, c'est bien les clichés. Pas besoin qu'il l'affiche haut et fort. Ses courts-métrages, tristes pour les uns et provocants pour les autres, attestent de cette prise de position. Une raison pour laquelle il faut bien admettre qu'aucune de ses créations n'est passée inaperçue, aussi bien aux yeux de la critique que ceux du grand public. C'est que Nour-Eddine Lakhmari, pour empreinter un qualificatif anglo-saxon utilisé à défaut de mieux, est différent. Son cinéma l'est aussi. Il est difficile d'ailleurs de l'étiqueter. Nous avons profité de sa présence au Maroc –le réalisateur vit entre Casablanca et Oslo-, pour aller à sa rencontre. Décontracté comme à son habitude, le chouchou des médias norvégiens vous met d'emblée à l'aise. Spontané, généreux et modeste, tels sont les traits majeurs de son caractère. Il se lance rapidement dans la conversation. Lorsqu'on aborde avec lui l'évolution du cinéma national, le jeune réalisateur ne fait pas dans la langue de bois. Il porte un regard sévère sur les films de certains de ses confrères –sans pour autant les citer- qui tombent facilement dans le piège des préjugés et des idées reçues. «Ce n'est pas de cette manière que notre cinéma peut aller de l'avant et séduire le grand public», fait-il savoir. Mais, il a beaucoup d'estime pour Jilali Ferhati : «C'est le plus grand cinéaste marocain vivant. Je pèse bien mes mots», souligne-t-il. Il faut dire que Nour-Eddine Lakhmari a côtoyé de près le réalisateur de «Ouachma», un long-métrage marocain culte, juge Lakhmari. Il a même été son assistant pour le tournage de l'un de ses films. Une expérience riche aussi bien sur le plan humain que professionnel, souligne-t-il. Ce qui distingue Nour-Eddine Lakhmari de la nouvelle génération des cinéastes marocains, c'est sa capacité à ne pas faire de concessions au niveau artistique. « Je ne fonctionne pas par calculs. Je peux tout pardonner, sauf la malhonnêteté artistique vis-à-vis de soi-même et vis-à-vis du public », lance-t-il. Nour-Eddine Lakhmari s'apprête à tourner la deuxième partie de son premier long-métrage « Le retour ». Il s'agit d'une sorte d'autobiographie qui a lieu à l'époque où le protectorat était de mise. En un mot, il s'agit d'un retour aux sources. Il faut dire que le réalisateur veut tourner la page sur son histoire et mettre fin à cette crise d'identité qui l'à toujours poursuivie pour passer à autre chose. Il a commencé avec la sitcom pour le compte de la TVM, en attendant de s'attaquer à d'autres créneaux, notamment le téléfilm. Né en 1964, Nour-Eddine Lakhmari est originaire de la ville de Safi. Issu d'un milieu modeste, l'image a été depuis son jeune âge un moyen d'expression. A l'âge de 19 ans, il part en France pour suivre des études de pharmacie. Il savait pertinemment que ce n'était pas sa vocation. Il l'a tout de même fait. « J'ai voulu faire plaisir à ma mère », nous a-t-il confié. Convaincu qu'il était fait pour la réalisation, il laisse tomber la pharmacie et décide de s'inscrire à la CNED à Paris. Sa passion le mène à Oslo. Il s'inscrit dans l'Académie du film et de la télévision. C'est le début d'une carrière cinématographique. Réalisé en 1993, son premier court-métrage, «Un appel à la mort» a remporté un grand succès aussi bien au Maroc qu'en Norvège. Le cinéma de Nour-Eddine Lakhmari sort des sentiers battus. Pour l'heure, le réalisateur a à son actif plus d'une dizaine de courts-métrages pour ne citer que «Brèves notes (1995), «Né sans ski aux pieds» (1996), «Paper boy» (1997), «Le dernier spectacle » (1998), et «Dans les griffes de la Nuit» (1999). A en juger par le scénario, son premier long-métrage, «Le retour», fera certainement du bruit à sa sortie. Du moins, on l'espère.