Le dernier roman de Zakia Daoud nous replonge dans le Maroc du 11ème siècle. «Zaynab, reine de Marrakech» revisite le passé, s'attaque aux Almoravides et couronne l'épouse de Youssef Ibn Tachffine. Avant-goût. Zakia Daoud n'en finit pas de nous surprendre. Son dernier roman «Zaynab, reine de Marrakech», paru récemment chez les éditions de l'Aube, vient de remettre en cause une donne historique marocaine des plus sûres et vérifiées : Youssef Ibn Tachaffine n'est pas le fondateur de la ville de Marrakech. Zakia Daoud, à contre-courant de tous les autres historiens de la place, pense que c'est bel et bien sa femme Zaynab qui était derrière la construction de la ville ocre. Et elle y croit dur comme fer. L'ancienne rédactrice en chef de la revue marocaine «Lamalif» défend, bec et ongles, sa thèse qu'elle développe dans un roman mêlant, d'une manière subtile, histoire et fiction. Zakia Daoud, lors d'une rencontre-signature de son «Zaynab, reine de Marrakech » dans une librairie casablancaise, avise de prime abord le lecteur : «Une partie du livre est inventée parce que les livres d'histoire ne disent pas gros sur cette époque-là. Donc, je me suis retrouvée avec des lacunes et des trous dans le roman que j'ai comblés, par la suite, en inventant certaines choses». Avant la publication du roman, Zakia Daoud est allée même voir certains historiens qui connaissent bien le passé lointain de Marrakech, de peur de commettre des gaffes ou d'omettre certains détails et repères historiques primordiaux. «J'ai soumis le manuscrit à des historiens qui m'ont dit qu'eux aussi ils ne savaient pas plus que cela sur les Almoravides et surtout sur l'héroïne de mon roman, Zaynab», dit-elle lors de cette rencontre. Le premier jet de «Zaynab, reine de Marrakech» était tellement imprégné de notes historiques que Zakia Daoud s'est penchée, une nouvelle fois, sur le manuscrit pour enlever certains passages susceptibles d'ennuyer le lecteur. Il fallait rendre le roman plus romanesque qu'historique. Il fallait aussi penser à ce plaisir de la lecture que Zakia Daoud garantit à tous ceux qui iront chercher «Zaynab, reine de Marrakech» dans les librairies. L'auteur dit aujourd'hui qu'elle n'a ménagé aucun effort pour dépoussiérer cette partie de l'histoire du Maroc. En fait, le 11ème siècle a connu l'une des époques glorieuses de l'histoire de l'Afrique du Nord, et même celle de l'Andalousie, et durant lequel est fondé le règne des Almoravides. Cette confrérie de guerriers et berbères avait régné sur le Maghreb et l'Andalousie de 1061 à 1147, et avait posé les jalons de l'une des grandes villes du Royaume : Marrakech. Une ville dont le nom du vrai fondateur vient d'être révélé, en grande pompe, par Zakia Daoud. 10 siècles après, cet écrivain et ex-journaliste sape les fondements de l'histoire de la ville ocre et veut, coûte que coûte, réparer le préjudice causé à la gents féminine. Car préjudice, il y'en a bien eu ! Et Zakia Daoud n'est pas de ceux qui y vont par quatre chemin : «L'histoire du Maroc est silencieuse sur les femmes ». À travers « Zaynab, reine de Marrakech », elle prouve que Zaynab n'était pas seulement une femme cloîtrée dans le harem de Youssef Ibn Tachaffine, mais elle était aussi une stratège qui avait son mot à dire dans la vie politique. «Née à Aghmat, en 1039, Zaynab est une fille à la beauté et à l'intelligence exceptionnelles. À 19 ans, elle rencontre son troisième mari, qui rêve de fonder une nouvelle forteresse. Elle l'entraîne dans un endroit magique qui sera le berceau de la ville future de Marrakech», lit-on dans la note de présentation de l'ouvrage. Zakia Daoud, en fouillant et farfouillant dans le passé du Maroc, vient de bousculer tout un pan de notre histoire. Elle s'érige également en avocat de Zaynab et intente un procès posthume contre l'histoire. À lire avec attention.