Plusieurs journalistes israéliens reprochent à Shimon Peres et à son équipe peu homogène du parti travailliste, de penser surtout à un titre et à la répartition de ministères secondaires. Cela est exagéré, car l'essentiel pour Shimon Peres demeure la réalisation du désengagement de Gaza, afin de pouvoir aller encore plus loin… Le vrai problème qui se pose, selon l'analyste Akiva Eldar dans le quotidien Haaretz, serait l'affaiblissement de la base de la « feuille de route » arrêtée par le président Bush. Voire la mise en cause de Abou Mazen et des dirigeants palestiniens modérés, dans leur vie politique s'ils étaient mis en cause par un revirement de Sharon. Akiva Eldar considère, dans l'immédiat, qu'au-delà du désengagement de la Bande de Gaza et des 4 colonies du Nord de Cisjordanie, le parti Avoda (travailliste) et le mouvement « Shalom Akhahav » (la paix maintenant), n'ont pas su s'obstiner à réclamer l'évacuation des implantations sauvages. Celles-ci, actuellement, ne cessent de se développer, bien que Ariel Sharon se soit engagé envers le président Bush, à les évacuer sans discussion. Dans un discours récent, Ariel Sharon, au congrès de Herzlia, a dit : « Nous avons convenu, conformément à la « feuille de route », que chaque pas exécuté dans l'application de l'horizon politique propose aux Palestiniens il faut, d'abord, réclamer une véritable action contre le terrorisme. Jusqu'à l'éradiquer et à réaliser de véritables réformes, notamment, dans la sécurité et l'éducation ». Ariel Sharon a rappelé que « les Etats-Unis ont également reconnu le droit d'Israël à se défendre par tous les moyens contre tout ennemi et toute menace ». Pourquoi, alors, Sharon a-t-il oublié de rappeler, aussi, que le président Bush a déclaré « sa vision de la création d'un Etat Palestinien viable, en appelant à cesser, immédiatement, la violence contre les Palestiniens »? Encore faut-il qu'il veuille aider Abou Mazen et les autres dirigeants palestiniens, pourtant modérés. Shimon Peres ne doit pas cesser, de son côté, de réclamer le retour à la « feuille de route », même s'il craint que Sharon ne la déforme selon ses besoins. Le premier n'exigea pas l'éradication totale du « terrorisme » avant tout désengagement. Les rédacteurs du document américain, ont exposé les dispositions de la « feuille de route », sans ignorer, comme Sharon d'ailleurs, qu'aucune force palestinienne n'est en mesure de réussir, en quelques semaines, là où l'armée d'Israël, Tsahal, n'est pas arrivée en 4 ans. Combien même, Al Aqsa ait décidé, cette semaine à Ramallah, une cessation des armes. La direction palestinienne de son côté, ne peut s'engager à une « éradication totale du terrorisme ». Mais elle saura faire, avec Mahmoud Abbas (Alias Abou Mazen) un effort maximal dans ce sens, sans garantir un succès total. Le candidat, Mahmoud Abbas, ancien Premier ministre de l'Autorité palestinienne avait démissionné sur le refus du président Yasser Arafat de lui attribuer l'autorité sur tous les services de sécurité palestiniens. Il a eu également, le courage, dans sa campagne électorale actuelle, d'appeler son peuple à transformer la confrontation armée contre l'occupation « en une opposition non-violente ». Sharon, aujourd'hui encore, ne cache pas que sa position sur un cessez-le-feu, du côté palestinien, est pour lui « une condition indispensable à l'application même du désengagement de la Bande de Gaza ». Pourtant c'est ce seul désengagement qui reste la raison pour laquelle les travaillistes de Shimon Peres ont accepté d'entrer dans une coalition gouvernementale avec le Likoud. Face à un tel retour éventuel, de position de Sharon qui fait, pourtant, de sa décision de désengagement l'essentiel, il apparaît nécessaire de lui répéter à nouveau : « Tant que la paix n'aura pas reçu à nouveau la place qu'elle mérite à côté de la sécurité, il n'y aura ni sécurité ni paix. Et donc le désengagement, même, serait en question… ». Et pourquoi pas, de dire à Sharon que la « feuille de route » qu'il a acceptée devant le président George W. Bush, il y a plus de trois ans, avait conclu qu'il « appartenait à Israël de proclamer la création d'un Etat palestinien indépendant et viable ». C'est, semble-t-il, bien la détermination de Mahmoud Abbas et de ses collègues dans la direction palestinienne, depuis la disparition de Yasser Arafat.