Ils appellent à la création d'un ministère de l'emploi et du dialogue social Les syndicats sont en colère. Le retard de la formation d'un gouvernement fait peser davantage la menace d'une nouvelle année blanche sur le plan social. Miloudi Moukharik, secrétaire général de l'Union marocaine du travail (UMT), ne mâche pas ses mots. «Nous, travailleurs et salariés, sommes les premiers à payer un coût social très élevé en raison de petits calculs politiciens et partisans», dit-il. Et de poursuivre : «Le vide gouvernemental conduit inévitablement au pourrissement des conflits sociaux. De même, les libertés syndicales sont bafouées pratiquement au quotidien. Tous les mémorandums et courriers que nous adressons à l'administration restent lettre morte en raison de cette situation d'attentisme. Les ministres en fonction actuellement ne peuvent prendre aucune décision vu qu'ils appartiennent à un gouvernement des affaires courantes». Même son de cloche chez Ali Lotfi, secrétaire général de l'Organisation démocratique du travail (ODT). «Nous sortons d'une année 2016 qui fut catastrophique sur le plan social puisque le gouvernement sortant a pris des décisions inacceptables concernant les fonctionnaires, notamment au niveau des retraites et l'introduction des contrats sans parler du gel des salaires», explique Lotfi. Pour ce dernier, «l'espoir était grand d'entamer 2017 avec un nouveau gouvernement aux affaires capable d'ouvrir un débat sérieux et de prendre à bras-le-corps toutes les problématiques liées au marché de l'emploi et des conditions des travailleurs mais nous avons vite déchanté. Les dernières statistiques du Haut-Commissariat au Plan sur le chômage sont particulièrement inquiétantes puisque les trois quarts des salariés travaillent aujourd'hui sans contrat de travail dans une situation qui se passe de tout commentaire». Les syndicalistes dénoncent ainsi le retard dans la formation d'une nouvelle majorité gouvernementale d'autant plus que la situation sur le plan social commence à inquiéter. «L'absence d'un gouvernement retarde le paiement des entreprises. Les délais de paiement battent des records alors qu'ils sont limités par la loi à 90 jours. Ceci a pour effet immédiat d'asphyxier les entreprises principalement celles de taille petite et moyenne. Les chiffre sur les entreprises en faillite sont d'ailleurs édifiants, ce qui provoque des vagues massives de licenciement», explique le numéro un de l'ODT. De son côté, Miloudi Moukharik affirme que cette situation d'attentisme provoque un impact négatif sur le monde économique. «Les hommes d'affaires et des investisseurs rencontrés nous assurent qu'ils manquent de visibilité économique en raison du blocage gouvernemental avec tous les effets néfastes que cette situation peut avoir pour un pays comme le nôtre», déclare-t-il. «Nous appelons donc les différents acteurs politiques à dépasser leurs querelles en plaçant les intérêts du pays avant toute autre considération, ajoute Moukharik. Mais le retard de la formation d'une nouvelle équipe gouvernementale n'empêche pas pour autant les syndicats de formuler des revendications en espérant qu'elles seront prises en compte par le futur Exécutif. L'UMT appelle ainsi à reconsidérer les rôles et prérogatives du ministère de l'emploi. «Il faut commencer tout d'abord par changer l'appellation de ce ministère pour le rebaptiser ministère du travail et du dialogue social. Il faut également revoir l'organisation de ce département de sorte à créer une direction chargée du dialogue social sachant que cette revendication fait l'unanimité parmi les partenaires sociaux», conclut le secrétaire général de l'UMT.