Ariel Sharon dans l'impasse. Après avoir résisté à trois motions de censure à la Knesset, le Premier ministre israélien s'est résigné mardi à convoquer des élections anticipées. Après s'être entretenu avec le président de l'Etat hébreu Moshe Katsav pour l'informer de sa décision comme le prévoit le protocole, Ariel Sharon a donc prononcé la dissolution de la Knesset et convoqué des élections anticipées dans les 90 jours. Elles auront lieu le 28 janvier, a précisé Giora Pordes, un porte-parole de la Knesset, en citant le Journal officiel. Ce revirement de Sharon souligne l'instabilité politique croissante du pays à l'heure où Israël est confronté à plusieurs problèmes graves -une deuxième Intifada qui a deux ans, une crise économique qui s'aggrave et l'éventualité d'une attaque irakienne en cas d'intervention américaine contre Saddam Hussein. "Ces élections, en ce moment, ne sont pas ce dont le pays a besoin", a souligné Sharon au cours d'une conférence de presse organisée à la hâte avant d'ajouter toutefois qu'il n'avait d'autre choix que de les convoquer. La coalition gouvernementale avait volé en éclats, la semaine dernière, après le départ des ministres travaillistes à la suite d'un différend portant sur les sommes allouées aux colonies juives de peuplement dans le projet de budget. Mardi, Sharon s'en est violemment pris aux travaillistes les accusant d'irresponsabilité. Il n'a pas non plus mâché ses mots à l'égard du parti d'extrême-droite, Israël Beitenou (Union nationale), qui lui a refusé son soutien et rejeté son offre de rejoindre sa coalition. Côté palestinien, Nabil Abou Redneh, un conseiller de Yasser Arafat, a déclaré que ces élections étaient une affaire intérieure, mais a émis l'espoir que les Israéliens choisiront un gouvernement différent. "Ce qui nous intéresse aujourd'hui, c'est un gouvernement israélien engagé dans le processus de paix, parce que le gouvernement actuel n'a obtenu ni la paix ni la stabilité pour la région", a-t-il souligné. Au cours des semaines à venir, les conservateurs du Likoud d'Ariel Sharon et les travaillistes choisiront leur candidat au poste de Premier ministre. Le principal adversaire de Sharon, l'ancien Premier ministre Benyamin Nétanyahou, avait refusé au cours du week-end dernier le poste de ministre des Affaires étrangères que lui avait proposé Ariel Sharon. Ce dernier a dit mardi que cette offre tenait toujours. Parallèlement, les primaires du Parti travailliste se dérouleront dans deux semaines alors que le chef du parti, Benyamin Ben-Eliezer, se présente face à deux autres "colombes", Haïm Ramon et Amram Mitzna. C'est la décision de Ben-Eliezer de sortir les ministres travaillistes de la coalition qui a déclenché la crise politique, la semaine dernière. Lundi encore, Ariel Sharon affirmait qu'il serait irresponsable de convoquer des élections anticipées, mais soulignait également qu'il ne changerait pas la ligne de son gouvernement pour satisfaire aux exigences d'Israël Beitenou. Après le départ des ministres travaillistes, M. Sharon n'a plus le soutien que de 55 députés sur les 120 que compte la Knesset. Israël Beitenou en compte sept. • Laurie Copans (AP)