Alors que le Parlement doit adopter d'urgence l'acte constitutif de l'UA, le parti met en garde contre l'élection des instances de la Chambre des représentants en dehors de la majorité L'élection du président de la Chambre des représentants fait polémique. Après un appel de plusieurs responsables politiques à l'élection d'un nouveau président et du bureau de la première Chambre parlementaire, le Parti de la justice et du développement (PJD) sort à son tour de son silence. Mohamed Yatim, premier vice-président de la Chambre des représentants dans le Parlement sortant et bras droit du chef de gouvernement désigné, insiste sur le caractère impossible de l'élection de nouvelles instances avant la formation d'une majorité. «La logique de la Constitution veut que la majorité gouvernementale soit directement issue de la majorité parlementaire. Si le chef de gouvernement désigné ne parvient pas à former une majorité gouvernementale, il n'existe aucune solution que de dissoudre la Chambre des représentants puis appeler à de nouvelles élections législatives», explique Yatim qui a été élu député lors des élections législatives du 7 octobre dernier. Le PJD n'y va pas par quatre chemins et refuse catégoriquement qu'un nouveau président de la première Chambre soit élu avant la formation d'une majorité gouvernementale et parlementaire. Au cas où le parti de la lampe persiste dans cette position et que les consultations pour la formation d'une majorité restent au point mort, le Maroc va se retrouver face à une véritable crise politique et constitutionnelle. Et pour cause. Le Royaume devrait récupérer son siège au sein de l'Union Africaine (UA) à l'occasion de son sommet qui se tiendra fin janvier. Le hic, c'est que le Parlement, toujours au chômage technique depuis les élections du 7 octobre, doit adopter l'acte constitutif de l'UA. A quelques jours du prochain sommet de l'Union, le temps presse. Psychose du PAM Mais face à cette urgence, le PJD a la tête ailleurs. Le parti de la lampe pense déjà au rôle que pourrait jouer le Parti authenticité et modernité (PAM), son ennemi politique numéro un, dans l'élection du futur président de la première Chambre parlementaire. Sa source au sein du PJD évoque en effet le soutien du PAM avec ses 105 sièges à la première Chambre à l'un des candidats qui pourraient se présenter pour ce poste. Mais l'origine du niet du parti de la lampe est à chercher ailleurs. Le PJD qui a des visées sur la présidence de la Chambre basse du pays sait qu'il ne dispose pas du nombre de voix suffisant pour l'emporter. En effet, le PJD même avec le soutien du parti de l'Istiqlal et celui du Parti du progrès et du socialisme (PPS) ne pèse que 183 sièges sur les 395 que compte la Chambre des représentants. Le parti reste ainsi loin de la majorité et voit ses chances d'obtenir la présidence s'envoler. Légalement, la première Chambre peut sans aucun problème se réunir pour élire un nouveau président. Mais les Pjdistes invoquent un autre problème, celui de l'élection des autres instances, à savoir le bureau de la première Chambre ainsi que les présidences des commissions parlementaires. La Constitution mais également le règlement intérieur de la Chambre des représentants prévoient un quota pour l'opposition. Dans l'état actuel des choses, il n'existe ni majorité parlementaire ni opposition claire en dehors du PAM qui a déjà annoncé son intention de rallier l'opposition. «Il n'existe de ce fait aucune possibilité de parachever la construction des instances de la Chambre des représentants avant la formation d'une majorité et d'une opposition parlementaires claires», conclut Mohamed Yatim. Présidence : Trois candidats potentiels La procédure veut que les candidats pour le perchoir se déclarent le jour même de l'élection en levant le bras. Mais en pratique, le sort de la présidence est scellé bien avant le jour de l'élection. Il faut dire que le poste de président de la Chambre des représentants fait partie du package négocié lors de la formation de la majorité gouvernementale. Ce fut le cas notamment avec Karim Ghellab et Rachid Talbi Alami au cours de la législature précédente. Aujourd'hui, la situation est un peu compliquée puisqu'aucune majorité n'a pu voir le jour depuis la nomination du chef de gouvernement le 10 octobre dernier. Trois mois après, les consultations menées n'ont pas abouti à grand-chose et mécaniquement, le Parlement est resté au chômage et le poste de président vacant. Des noms de candidats potentiels circulent sur la scène politique. Il s'agit notamment de Saâd Eddine Othmani. L'ancien secrétaire général du PJD et l'actuel président de son conseil national pourrait bien se présenter. Il y a également Rachid Talbi Alami qui a présidé la première Chambre au cours des trois dernières années au nom du RNI puis Habib El Malki de l'USFP.