A quelques heures de l'élection du nouveau président de la première Chambre parlementaire, le candidat de la majorité, Rachid Talbi Alami, semble conforter encore plus ses chances. Contacté par ALM, le candidat de la majorité paraît serein mais prudent et s'excuse gentiment de ne pas pouvoir faire une déclaration à la presse à quelques heures des élections. Cela dit, toutes les chances restent de son côté. Car en plus des voix des quatre groupes parlementaires de la majorité, des parlementaires de l'opposition pourraient également appuyer la candidature de l'ancien ministre RNI (Rassemblement national des indépendants, majorité). Le PJD (Parti de la justice et du développement, majorité), à travers le président de son groupe parlementaire, Abdellah Bouano, annonce l'appui de l'opposition, ou du moins une partie d'elle à la candidature de Alami. «Ce ne sont pas seulement les députés des partis de la majorité gouvernementale qui vont voter pour leur candidat à la présidence de la Chambre des représentants mais je peux vous assurer également de l'appui de nombreux députés des partis de l'opposition», déclare Bouano. Si l'on pourrait croire que ce dernier fait dans la surenchère politique, plusieurs indicateurs sur le terrain confortent, cependant, ses propos. Il faut dire que Rachid Talbi Alami reste un candidat consensuel en raison des relations avec les partis de la majorité mais également avec certaines forces de l'opposition dont il fut l'un des piliers avant que le RNI ne décide de rejoindre la majorité. Par ailleurs, des doutes planent sur le respect des consignes de vote données par les partis de l'opposition. Cela peut être le cas notamment pour l'USFP (Union socialiste des forces populaires, opposition) dont le premier secrétaire, Driss Lachgar, n'a qu'un pouvoir minime sur le groupe parlementaire de son parti à la première Chambre qui demeure fidèle à son rival, Ahmed Zaidi. Mais le PJD a également une autre arme qu'il veut utiliser contre le candidat de l'Istiqlal (opposition), Karim Ghellab. Le groupe parlementaire du parti de la lampe travaille à jeter le discrédit sur sa candidature. «Nous n'avons aucun problème à ce qu'un député de l'opposition se porte candidat pour le perchoir mais nous n'allons pas tolérer que ce même candidat utilise des arguments totalement biaisés. Dans ce sens, l'actuel président de la première Chambre oublie qu'un accord entre la majorité qu'il critique aujourd'hui, l'avait mené fin 2011 au poste qu'il occupe aujourd'hui», lance Bouano. Et de poursuivre: «M. Ghellab crie sur tous les toits les progrès effectués par la première Chambre depuis les dernières élections. On dirait qu'il était seul à travailler au Parlement. Nous sommes prêts à lui rappeler au cas où il aurait oublié, un certain nombre de décisions prises par la majorité dont il cherche à s'approprier aujourd'hui le mérite». Le PJD va encore plus loin en accusant l'actuel président «d'utiliser les moyens de la première Chambre pour promouvoir sa candidature pour un nouveau mandat». A moins de 48 heures de l'élection du nouveau bureau de la Chambre des représentants, la tension est donc à son comble entre la majorité et Karim Ghellab. Ce dernier a annoncé dans une conférence de presse ses raisons pour une nouvelle candidature. Il a affirmé que sa candidature à la présidence de la Chambre des représentants est en phase avec les dispositions de la Constitution. «Elle n'est pas fortuite mais c'est un droit d'un représentant appartenant à l'opposition à laquelle la Constitution a conféré une place distinguée», a-t-il affirmé devant les médias lors d'une conférence qui risque de faire reparler d'elle. Le PJD s'interroge déjà sur les origines du financement de cette conférence.