Patron de l'entreprise de textile Malabis, Othmane Sekkat réagit vigoureusement dans cet entretien à l'augmentation récente du taux des assurances relatif aux accidents de travail. Aujourd'hui Le Maroc : En tant que chef d'entreprise, comment avez-vous reçu l'augmentation de l'assurance des accidents de travail de 132 % ? Othman Sekkat : C'est une catastrophe pour les entreprises du textile car cette mesure, applicable dès le 11 novembre prochain, va faire augmenter de manière substantielle leurs charges qui sont déjà élevées . Charges que le contrat-programme signé entre le gouvernement sortant et les opérateurs du secteur était censé ramener à un niveau raisonnable. Dès le début, je savais- et je ne me suis pas privé de le crier haut et fort- que ce contrat conclu en plein mois d'août n'était que de la poudre aux yeux. Concrètement, quelle est l'incidence de cette hausse sur les finances de votre entreprise ? Cette hausse décidée de manière unilatérale par le gouvernement aura fatalement des conséquences sur la compétitivité des entreprises qui font travailler un nombre important d'employés. En ce qui concerne mon groupe Malabis, pour une masse salariale mensuelle de 1 million de Dh par exemple, on payait auparavant au titre de l'assurance sur les accidents de travail la somme de 16800 Dh. Aujourdhui, à la faveur de la hausse de 132%, on va devoir débourser pour la même masse salariale quelque chose comme 38.800 Dhs. C'est de la folie. Qu'est-ce que vous comptez faire maintenant? On ne sait plus ce qu'il faut faire pour sauver un secteur qui s'enfonce dans une crise sans fond. Il ne se passe pas un jour sans que des unités de textile mettent la clé sous le paillasson. Ces fermetures d'usine créent de nouveaux chômeurs et ajoutent au malaise social au moment où un pays comme le Maroc doit pour s'en sortir promouvoir une politique d'embauche courageuse et volontariste. Décidément, notre pays est très fort dans la production des taxes et autres charges qui pénalisent l'entreprise. Mais pour la création des conditions de l'embauche et de la stimulation de la productivité, il semble faire preuve d'un manque incroyable d'imagination. Comment envisagez-vous l'avenir du secteur? Pour le moment, les perspectives sont sombres. Pour sortir de la crise, le secteur du textile et habillement avait besoin en vérité d'un débat franc et sérieux autour d'une table ronde avec les professionnels et les pouvoirs publics en vue de débattre de tous les problèmes qui freinent son développement. Comment qualifiez-vous cette augmentation du taux des assurances des accidents de travail ? Y percevez-vous un signe d'inconscience ou d'incompétence ? En fait, cette affaire me rappelle la fameuse phrase: ils ont faim, donnez-leur des brioches.