La septième législature marocaine est un succès vers la démocratie. Certes, la pratique et le temps resteront tributaires de la réponse à un certain nombre de questions que pose l'engagement du prochain gouvernement de Driss Jettou. Dans une société où le taux d'analphabétisme est d'environ 65%, dans un pays où les partis politiques sont faiblement construits, le gouvernement, dans sa recherche de Procédures adéquates pour établir des élections libres et transparentes, se trouve suspecté de manque de représentativité avec un taux d'abstention qui atteint des chiffres avoisinant les 50%. Cela est dû non seulement à la jeunesse qui a boudé les urnes pour exprimer sa revendication implicite vis-à-vis du système jugé paralysé, mais aussi au mode de scrutin adopté. Bien que celui-ci, à la différence de ceux qui l'ont précédé, soit distingué par un ensemble de règles nouvelles pour un nouveau processus démocratique, (scrutin de liste à la proportionnelle au plus fort reste avec un seuil d'éligibilité de 3% et par un bulletin de vote unique), cela a compliqué la procédure pour l'électeur d'exprimer librement son choix. Les élections législatives du 27 septembre constituent une évolution partielle mais importante par rapport aux consultations précédentes. Ceci, malgré l'existence non seulement de certaines irrégularités enregistrées dans quelques circonscriptions, mais aussi des doutes qui ont gagné l'esprit de certains dirigeants des partis politiques en lice sur la crédibilité du processus électoral. En outre, la neutralité de l'administration était blamable devant certaines pratiques de non éthique constatées avant et le jour même du scrutin de 27 septembre. Cela ne veut pas dire que les autorités compétentes se comportaient en pièce morte devant toutes les violations de la loi électorale qui peuvent entacher le scrutin, elles ont, dans différentes circonscriptions à travers le royaume, réagi efficacement en démontrant une certaine vigilance, permettant de garantir relativement l'honnêteté des élections législatives. Toutefois, la réalité des choses montre que le pouvoir a pris ses précautions aux dépens de la légitimité populaire, espérant éviter les surprises. Tant d'éléments démontrent cette réalité intrinsèque. Déjà à la base, le découpage ne s'est pas fait d'une manière saine. Il y a ensuite l'exclusion des marocains et marocaines résidant à l'étranger de cette consultation. De plus, ce scrutin à la proportionnelle a non seulement éliminé les sans-appartenance politique et les a privés de leur droit de représentativité, mais surtout a rendu la procédure de vote plus complexe pour les 65% des marocains et marocaines analphabètes. Ce qui a pour résultat la nullité de plusieurs bulletins du simple fait de l'ignorance des électeurs. C'est un mode qui privilégie le parti à l'individu et favorise certains indésirables à s'ériger en représentants du peuple. Cependant, les partis politiques resteront responsables du choix des candidats et même responsables à l'égard du public plutôt que qui ils doivent rendre des comptes. Le propre des députés est d'assurer une fonction d'intermédiaire entre le peuple et l'Etat, ce qui n'est malheureusement pas le cas. Dès qu'ils sont élus, on ne les revoit plus. De même, la moitié des marocains se sont abstenus soit par ignorance de la vie politique ou parce qu'ils ont la volonté de boycotter les urnes du fait qu'ils ont eu assez de promesses non tenues lors des campagnes électorales précédentes. C'est une façon pour eux d'affirmer qu'ils n'admettent pas cette realité asphyxiante des partis politiques marocains et leurs discours démagogiques, traduisant une sorte de malaise chez les citoyens. En fin de compte, les 325 nouveaux députés, qui ne se sont élus que par 35% du corps électoral potentiel, démontre que le vote au Maroc n'est ni une question de programme à soutenir ni de conviction. Et c'est ainsi que les résultats sont venus traduire l'existence d'une crise de confiance chez l'électeur marocain, donc d'un échec de la classe politique notamment des partis traditionnels, ouvrant la voie à la victoire de la machine du parti de justice et de développement (PJD). • Ichi Elmustafa (A suivre)