De nouvelles craintes resurgissent au sein des producteurs et exportateurs de la tomate marocaine face au lobby espagnol. Une demande a été adressée par l'Association des producteurs et producteurs exportateurs de fruits et légumes (APEFEL) au gouvernement marocain sollicitant son intervention pour prendre les mesures nécessaires et adéquates au cas où le Parlement européen prévoirait la pénalisation des exportations de tomate marocaine. Les professionnels expriment leur «exaspération devant la multiplication des menaces du lobby espagnol contre la tomate marocaine». Relevant de l'APEFEL, ceux-ci rappellent qu'ils ont formulé une demande au gouvernement en mai dernier lors de leur assemblée générale et ont sollicité une intervention des pouvoirs publics afin de prendre les mesures nécessaires et adéquates. «Même en respectant le contingent initialement défini et les quotas fixés selon l'accord agricole Maroc-UE, le lobby espagnol ne rate aucune occasion pour s'acharner contre la tomate marocaine à travers ses différentes instances professionnelles qui brandissent actuellement la carte des provinces du Sud marocain pour faire entendre leurs voix», dénonce Lahoucine Adardour, président de l'APEFEL. «Au-delà de l'acharnement injustifié à l'égard de la tomate marocaine, l'argument avancé par le lobby espagnol est que les expéditions marocaines affectent négativement le marché de la tomate en Europe», souligne-t-on dans le communiqué de l'APEFEL. Un argument rejeté par les membres de cette association qui estiment que «le groupe de travail tomate relevant de la Commission européenne a reconnu, au cours de sa dernière réunion tenue à Bruxelles, que la concurrence observée d'une façon systématique durant la campagne 2015-2016 est principalement intracommunautaire, autrement dit, entre les trois pays formant le Benelux (la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg). Ces derniers ont massivement investi dans des abri-serres à biogaz et lumière artificielle, ce qui a entraîné d'une part une pléthore de production avec une dévalorisation des prix par rapport à la campagne précédente et de l'autre, un allongement de la période de production affectant négativement notre voisin ibérique». Le deuxième point mis en avant et qui revêt son importance pour les producteurs exportateurs est la question des conditions climatiques qui ont favorisé en Espagne des expéditions massives sur le marché européen. «Il est aussi nécessaire de signaler que l'importation en provenance des pays tiers comme le Maroc et d'autres ne représente que 13% du marché intérieur de l'UE sachant bien que nos exportations n'ont aucune répercussion sur la situation commerciale de la tomate au sein de l'UE». Arguments à l'appui, ils indiquent que sur la période annuelle du 1er octobre au 30 mai, date d'ouverture du contingent Maroc, les prix globaux de la tomate européenne sont les plus élevés. En ce qui concerne la période estivale où le Maroc est quasiment absent sur le marché européen, ce sont principalement les pays du même continent qui sont assujettis à la loi du marché (l'offre et la demande), annoncent-ils.