Le Mouvement populaire annonce enfin son soutien à la ministre de l'environnement Face à la polémique des déchets italiens, Hakima El Haité paraît seule au monde. Le chef de gouvernement Abdel-Ilah Benkiran observe le silence et le ministre de l'énergie, des mines, de l'eau et de l'environnement, Abdelkader Amara, se fait discret. Mis à part une intervention du ministre de l'intérieur lors du dernier Conseil de gouvernement sur l'innocuité des déchets importés et un vague commentaire du ministre de l'équipement et du transport, Aziz Rabbah, sur les réseaux sociaux, c'est le silence radio côté Exécutif. C'est probablement la raison qui a poussé le Mouvement Populaire à effectuer seul une sortie loin de la majorité gouvernementale. «Le Mouvement populaire avait décidé de temporiser en attendant d'avoir à sa disposition toutes les données et explications relatives au dossier», expliquent les responsables du parti. «Il s'est avéré après vérification que toutes les mesures prises par le ministère de l'environnement sont conformes aux conventions internationales et le cadre légal national», a ajouté la même source. Plus loin encore, le parti de l'épi a mis en garde contre la récupération politique de ce dossier. «Seuls le gouvernement et le Parlement sont habilités à interdire l'importation des déchets ou le changement des lois encadrant la procédure», martèle la direction du Mouvement populaire. Reste à savoir si la sortie médiatique du MP permettra d'atténuer les effets de la crise sur la représentante du parti au gouvernement. Il faut dire que la ministre est en train de gérer difficilement la crise. En dépit de plusieurs communiqués et sorties dans les médias, la polémique sur l'importation des déchets continue de cristalliser le débat. Et la situation s'enlise davantage pour la ministre déléguée de l'environnement qui a du mal à convaincre une opinion publique déchaînée sur les réseaux sociaux. Si la conférence de presse tenue par la ministre lundi dernier à Rabat n'a pas permis d'améliorer les choses, El Haité a dû faire face hier, mardi, aux députés de la première Chambre parlementaire dans le cadre de la séance hebdomadaire des questions orales. Tous les grands partis représentés au Parlement ont interpellé le ministère de tutelle sur la question. Pas moins de six questions urgentes étaient au programme avec comme seul objet la polémique sur l'importation de déchets en provenance de l'Italie. Les alliés du MP à la majorité, en l'occurrence le Parti de la justice et du développement (PJD), le Rassemblement national des indépendants (RNI) et le Parti du progrès et du socialisme (PPS) ont demandé des explications via leur groupes parlementaires respectifs à la ministre. Bien évidemment, tous les groupes parlementaires de l'opposition n'ont pas laissé échapper l'occasion de critiquer la gestion du ministère et du gouvernement. Des critiques qui interviennent à un moment où les appels se multiplient au Parlement pour la création d'une commission d'enquête. Le groupe parlementaire du PJD a déjà affiché son intention de former une commission sur cette polémique. Pourtant, le parti avait jusqu'ici évité de commenter la polémique qui risque de mettre la majorité à rude épreuve. Ministres harakis : La malédiction ? Ce n'est pas la première fois qu'un ministre du Mouvement Populaire se trouve au milieu d'une polémique. Deux ministres harakis ont fait les frais de crises qui ont déchaîné les passions ces dernières années. Mohamed Ouzzine, l'ex-ministre haraki de la jeunesse et des sports, a été remercié après la fameuse polémique sur la raclette dans le complexe sportif Moulay Abdellah à Rabat. Abdeladim Guerrouj, l'ancien ministre délégué à la fonction publique et la modernisation de l'admnistration, a dû céder sa place au gouvernement après l'éclatement de l'affaire du chocolat dans la presse. Enfin, son successeur dans le même ministère, Mohamed Moubdii, avait provoqué une tempête médiatique suite à une déclaration sur l'affaire communément appelée Rubigate. Hakima El Haité, ministre déléguée de l'environnement, doit gérer aujourd'hui, à son tour, une grande crise liée à l'importation de déchets de l'Italie pour être utilisés comme combustibles au Maroc. Toutes ces crises et polémiques poussent les observateurs à se demander si la participation du MP dans ce gouvernement est frappée d'une malédiction.