Un amendement au projet de loi de la HACA propose d'interdire l'utilisation de formules en dialecte national dans ces productions On aime ou on n'aime pas, les séries télévisées étrangères doublées en «darija» ne laissent personne indifférent. Si les productions turques et autres «Telenovelas» sud-américaines cartonnent auprès d'un large public national selon les chiffres de médiamétrie, ces productions se trouvent aujourd'hui dans le collimateur d'une partie des députés de la première Chambre parlementaire. A l'occasion du débat sur les amendements sur le projet de loi concernant la Haute Autorité de la communication audiovisuelle (HACA) à la Chambre des représentants, les groupes parlementaires de la majorité ont proposé une série d'amendements. L'un d'eux attire particulièrement l'attention. Les députés de la majorité veulent à travers cet amendement élargir les prorogatives de la HACA afin de protéger les langues arabe et amazighe dans la communication télévisuelle. Mais ce n'est pas tout. Si l'amendement en question prévoit de défende l'arabe classique, il veut encadrer l'utilisation de l'arabe dialectal dans les productions télévisuelles étrangères. En effet, les séries étrangères, essentiellement turques et mexicaines, sont de plus en plus doublées en darija. Une tendance qui a d'ailleurs été critiquée par le Parti de la justice et du développement (PJD, majorité) au Parlement. Même le ministre de la communication, porte-parole du gouvernement avait remis en cause ce choix. Aujourd'hui, ce sont les députés qui prennent le relais et veulent encadrer le recours à la «darija» pour traduire les séries étrangères diffusées sur les chaînes de télévision nationales. Formules interdites Il faut dire que l'amendement proposé et défendu par la majorité laisse un peu perplexe. Les députés veulent charger la HACA de surveiller l'utilisation de formules orales de l'arabe dialectal et interdire leur utilisation dans les productions étrangères. Reste à savoir comment cette interdiction sera actée dans les faits sachant que les séries en dialecte arabe rencontrent un succès fou auprès des ménagères essentiellement. L'interdiction de l'utilisation des formules en darija risque ainsi de buter sur une opposition des défenseurs de ce choix qui marche bien auprès de sa cible. Il faut dire que la polémique ne date pas d'aujourd'hui et les avis demeurent partagés entre ceux qui encouragent le recours au dialecte national et les autres qui fustigent «l'indécence» de l'utilisation de formules marocaines pour traduire les séries étrangères. Il faut préciser, cependant, que le Parlement n'a pas encore dit son dernier mot autour de cette proposition même si la majorité paraît décidée à faire passer l'amendement en question qui risque de provoquer une nouvelle polémique. A noter que certaines maisons de production avaient commencé depuis plusieurs années à doubler les séries étrangères en «darija» pour plus de proximité avec les téléspectateurs marocains. Auparavant, toutes les séries mexicaines et turques étaient proposées, soit en arabe classique, soit en dialectes moyen-orientaux, essentiellement syriens et libanais. Sensibilité des enfants La protection du public jeune figure également parmi les amendements proposés au projet de loi sur la Haute Autorité de la communication audiovisuelle (HACA). Les députés veulent renforcer les prérogatives dans la HACA dans le contrôle des productions télévisuelles et leur impact sur la psychologie de l'enfant. Ceci rappelle la polémique née il y a quelques années autour des émissions sur la criminalité qui étaient parfois diffusées en prime time. Par ailleurs, il est question dans les amendements des députés du renforcement de l'égalité entre les sexes dans les médias audiovisuels. La promotion de la culture de l'égalité homme-femme passerait également par la communication audiovisuelle. Enfin, les députés ont également insisté sur la promotion de la civilisation et du patrimoine culturel marocain via les canaux de la communication audiovisuelle. Pour ce faire, la HACA est appelée à travailler de concert avec le futur Conseil national des langues et de la culture.