Après onze mois de mobilisation, les étudiants en médecine et en pharmacie marocains suspendent leur grève à la suite de la signature d'un accord avec les ministères de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l'Innovation, ainsi que celui de la Santé. Cet accord a été obtenu grâce à une médiation menée par l'Institution du Médiateur, mettant ainsi fin à une crise qui a fortement perturbé les facultés du Royaume. L'accord, validé lors de discussions au siège du Médiateur, représente une réponse aux principales revendications étudiantes, d'après notre source. Les étudiants ont approuvé cette proposition gouvernementale après une « journée démocratique » sanctionnée par le vote des étudiants présents dans les facultés. Ce qui a permis de recueillir 57,8% de votes favorables pour la cessation du mouvement de grève. Un engagement à respecter les promotions antérieures Le cœur de cet accord repose sur une décision prise par le ministre de l'Enseignement Supérieur, Azeddine El Midaoui, visant à ne pas appliquer la nouvelle réglementation aux promotions ayant intégré avant sa publication au Bulletin Officiel en mars 2023. Les étudiants concernés pourront ainsi continuer leur formation selon les anciennes règles, incluant la possibilité d'effectuer des stages cliniques de trois mois avant la soutenance de leur thèse. Lire aussi | Les huissiers de justice protestent contre « la mise sous tutelle » de leur profession La nouvelle réglementation introduit également une réorganisation de la sixième année pour les promotions postérieures, qui sera désormais étendue à 44 semaines avec une spécialisation en médecine de famille. Levée des sanctions et amélioration des conditions de stage L'accord inclut également un engagement gouvernemental à lever toutes les sanctions disciplinaires infligées aux étudiants grévistes. En outre, les bureaux étudiants, suspendus durant la crise, seront rétablis dans les six mois suivant l'adoption des nouvelles réglementations universitaires. Dans un geste de bonne foi envers les étudiants en formation clinique, le ministère a décidé d'augmenter les indemnités de stage. Les étudiants de troisième, quatrième et cinquième années bénéficieront d'une majoration de 1.200 dirhams, tandis que ceux des dernières années recevront 2.400 dirhams supplémentaires, portant ainsi le montant total des indemnités à 100.800 dirhams pour l'ensemble de la formation, contre 54.240 dirhams antérieurement. Assurer la continuité académique et la qualité de la formation Afin de faciliter le retour des étudiants, des sessions d'examens exceptionnelles seront organisées chaque semestre, dans des conditions optimales pour garantir la qualité des évaluations. L'accord prévoit également une certaine flexibilité dans l'adoption d'un système de crédits pédagogiques, tout en maintenant les critères pédagogiques supervisés par les équipes éducatives. Lire aussi | Pourquoi les avocats vont boycotter les tribunaux Les étudiants ont exprimé leur satisfaction par rapport aux clauses de cet accord, qui, selon eux, permettra non seulement de relancer leur parcours académique, mais aussi d'améliorer la formation médicale et l'offre de santé au Maroc. Dans un message qui devait exprimer leur satisfaction et leur soulagement de voir enfin réglée cette crise, les étudiants ont, dans cette lancée, remercié leurs parents pour leur soutien solidaire et indéfectible durant cette période de crise, ainsi que les professeurs, militants associatifs et syndicaux qui se sont mobilisés à leurs côtés. Il faut rappeler que cette crise qui a opposé les deux tutelles que sont le ministère de l'Enseignement supérieur et le ministère de la Santé aux étudiants en médecine et pharmacie, qui a duré pas moins de onze mois, a été, dans son genre, la plus longue au monde.