Le Conseil Civil de Lutte contre toutes les formes de Discrimination (CCLD) réagit à la circulaire conjointe du Ministère de la Santé et de la Protection sociale et du ministère de l'Education nationale. Cette dernière appelle à l'« éviction scolaire » obligatoire de tout élève diagnostiqué porteur d'une maladie infectieuse pour limiter les risques de contamination. Une mesure qui intervient dans un contexte marqué par la recrudescence des cas de rougeole chez les enfants afin de renforcer les mesures de prévention en milieu scolaire. « Bien que cette mesure soit jugée indispensable pour protéger la santé des élèves et limiter les risques d'épidémie en milieu scolaire et conditionnée par un diagnostic médical établi par un médecin agréé, le Conseil exprime toutefois quelques préoccupations et recommandations », soutient le CCLD dans un communiqué rendu public lundi 10 février. Non à l'isolement Ce dernier met en effet en garde contre le risque de stigmatisation et d'isolement des enfants touchés par la rougeole que ce soit par la communauté, leurs pairs ou encore par leurs établissements scolaires. Déplorant un processus d'éviction « discriminatoire », le CCLD recommande de porter une attention particulière « au droit des enfants à ne pas subir de stigmatisation et à être protégés de l'impact psychique d'un tel traitement ». Le Conseil recommande par ailleurs une sensibilisation plus renforcée du personnel scolaire et sanitaire par rapport à la confidentialité des informations sanitaires des enfants. « Sensibiliser le personnel scolaire, les parents et autres élèves à la non-stigmatisation et à la bienveillance envers les élèves atteints d'une maladie infectieuse et ou non vaccinés, conformément aux principes du Guide des évictions scolaires », ajoute la même source. Le CCLD incite vivement les deux ministères à proposer un suivi psychosocial pour éviter l'isolement et la stigmatisation des enfants concernés par le processus d'éviction scolaire. Cellules d'accompagnement Pour aider à remédier à la baisse de la couverture vaccinale, le CCLD recommande, en plus de l'élargissement de la communication et des campagnes de sensibilisation, de mettre en place des cellules d'accompagnement pour aider les familles à régulariser leur situation vaccinale. D'après le Conseil, il faut miser également sur la proximité en mettant en place des points de vaccination dans ou près des écoles tout en mettant instaurant des mesures de prévention à long terme, intégrant les meilleures pratiques internationales. « Le CCLD considère que l'éviction ne doit pas pénaliser de manière disproportionnée certains enfants, mais s'inscrire plutôt dans un cadre de soutien à la vaccination et à l'éducation. Conformément aux articles 2, 3, 6 et 28 de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant (CIDE), ratifiée par le Maroc », insiste le conseil. En termes pratiques, le CCLD appelle à assurer une continuité d'accès à l'éducation pour les enfants exclus temporairement (cours en ligne, devoirs envoyés, suivi pédagogique). Le conseil recommande de mettre en place une stratégie inclusive de scolarisation en temps de crises et d'urgences sanitaires et environnementales, garantissant l'égalité des chances. Ceci en prenant en compte les situations spécifiques des enfants (migrants, situation de handicap, niveau de scolarité...). « Une réévaluation du processus d'éviction est cependant recommandée en fonction de l'évolution de la situation sanitaire dans le Royaume », conclut le Conseil Civil de Lutte contre toutes les formes de Discrimination (CCLD).