Selon une étude anglaise intitulée «Bored to death», les salariés qui s'ennuient au travail présentent un risque deux à trois fois plus élevé d'accidents cardio-vasculaires que ceux dont l'emploi est stimulant. Démotivation, anxiété et tristesse. Ce sont là des symptômes qui peuvent alerter sur plusieurs pathologies. Ce sont également les tout premiers signaux du «Bore-out», une situation vécue par salariés confrontés à l'ennui au quotidien. Ceux-ci peuvent se sentir sans valeur ajoutée aucune ou encore avoir l'impression de ne rien faire, ce qui se traduit naturellement par une « dévalorisation », une décomposition de personnalité et même une dépression. Qui avait dit que ne rien faire était un luxe ? Ne rien faire est fatigant. Du moins sur le plan psychologique et c'est ce que s'accordent à dire les spécialistes pour qui «passer ses journées à tuer le temps serait aussi mauvais pour la santé que trop travailler et peut conduire à des chutes dépressives». En effet, si l'on nous martèle avec le «burn-out» et ses conséquences, il est très rare qu'on évoque le bore-out. Quand le dernier étant souvent provoqué de façon intentionnelle, on parle généralement de «mise au placard». Face à tous ces cas d'épuisement liés à la surabondance d'activité professionnelle, parler de l'ennui au travail peut sembler sans grand intérêt. Et pourtant, la semaine dernière un cas de bore-out a fait l'objet pour la toute première fois, d'un examen par le conseil de prud'hommes de Paris, en France. Sera-t-il pour autant considéré comme une maladie ? A ce jour, l'ennui au travail demeure tabou mais n'est en aucun cas présenté comme maladie. Hors du fait que l'on soit très loin de le recenser comme étant une pathologie professionnelle, d'un point de vue médical et psychologique, il n'existe aucun critère de définition stabilisé et consensuel sur le sujet. Cela dit, «s'ennuyer à mourir» n'est pas juste une manière de parler. Selon une étude anglaise intitulée «Bored to death», les salariés qui s'ennuient au travail présentent un risque deux à trois fois plus élevé d'accidents cardio-vasculaires que ceux dont l'emploi est stimulant. «Quand on ne nous accorde aucune tâche, ou très peu, c'est que l'on n'a aucune valeur ajoutée. Cela peut sembler reposant mais pour l'avoir vécue, cette situation cache un manque de stimulation intellectuelle, elle est stressante et nous pousse sans cesse à se questionner sur notre valeur ajoutée», nous confie Imane, 27 ans. Ce qu'il faut savoir cependant, c'est que le bore-out relève avant tout d'une incompétence et des failles dans la gestion des talents de l'entreprise. Une politique d'embauche inadaptée, création d'emploi pour rendre service, incompréhension du besoin réel de l'entreprise, manque de suivi, une volontaire mise à l'écart d'un profil (qui peut être considérée comme une forme de harcèlement au travail) ou encore l'esquive d'une décision de licenciement. Tout cela peut conduire à une réelle chute. Si celle-ci est d'ordre psychologique chez l'individu, elle peut se chiffrer en pertes d'image et de bénéfices pour l'entreprise. Malheureusement, si l'on est sujet à ce manque de motivation au travail, la solution la plus évidente semble celle de quitter son poste, aussi confortable soit-il. Au final, il n'y a rien de normal à passer son temps à ne rien faire au «travail». Pour continuer à avancer et à être à la hauteur de ses aspirations, il faut refuser de se laisser emmurer dans l'ennui professionnel. D'où la nécessité de prendre du recul, et d'éviter de s'enfermer dans cette prison dorée, qui est l'oisiveté.