Bilan 2024. 78.685 tentatives d'émigration irrégulière avortées au Maroc    Présidentielle. Les Gabonais voteront le 12 avril    Conseil de sécurité. Omar Hilale expose la stratégie Royale de lutte contre le terrorisme en Afrique    Afrique. Le marché des jeux vidéo en plein essor    Togo. Les femmes, championnes de la création d'entreprises    Nigeria. Le FMI maintient ses prévisions de croissance    France. Retailleau annone l'arrestation d'un autre influenceur algérien pour incitation à la violence    Las Palmas. Ayman El Wafi dans le viseur !    CAN-2025 : le Théâtre Mohammed V de Rabat accueille le tirage au sort    El Guerguerat. 37 kg de cocaïne dissimulée dans les moteurs de camions    De la musique à la gastronomie, le Maroc brille à l'Unesco    L'opération d'amnistie fiscale 2024 ouvre la voie à la réintégration du tissu formel, affirme Lekjaa    Le Front de libération de l'Azawad libère un otage espagnol grâce à une opération coordonnée, l'Algérie s'empare indûment de tout le mérite    Energean recentre sa stratégie sur le gaz naturel et renforce sa présence au Maroc et en Israël    Revue de presse de ce jeudi 23 février 2025    Hatim Seffar prend la tête de la Loterie Nationale    Dix-sept députés seulement approuvent le projet de loi portant organisation de la profession d'huissier de justice    Les prévisions du jeudi 23 janvier    Le Maroc «ne gaspillera pas de fonds publics pour la production d'hydrogène vert si elle s'avère non compétitive», avertit Leïla Benali    Maroc-Vietnam : vers un renforcement de la coopération parlementaire    Le chef d'état-major de l'armée israélienne démissionne    Larges manifestations étudiantes en Algérie contre un système surchargé et une réponse répressive    Le Maroc a accentué sa lutte contre la migration clandestine et le trafic humain en 2024 selon des chiffres officiels    L'Académie Africaine des Sciences de la Santé à Dakhla, un outil de choix pour la promotion de la souveraineté sanitaire en Afrique (panel)    LDC : Le PSG s'offre un fantomatique City grâce à une belle remontada !    Ce jour-là, Nasser Bourita communiquera avec le nouveau secrétaire d'Etat américain    Affaire d'enlèvement et de libération du citoyen espagnol : Le mensonge du régime algérien... Les Don Quichotte d'un autre monde    Maroc : l'Agence de régulation du cannabis renforce les contrôles et compte retirer une centaine de licences pour infractions constatées    Attaque de Tel Aviv : Le terrorisme n'a pas de nationalité    Bensaid : le Pass Jeunes est un levier pour restaurer la confiance des jeunes en l'Etat    Le Roi de la vanne Laurent Baffie en spectacle au Théâtre Meydene à Marrakech    Homo entre« sapiens » et « insipiens »    Casamemoire rend hommage à la culture Amazighe    Imintanoute : Saisie de 9,8 tonnes de résine de cannabis destinée au trafic international    Réseaux illicites : Les forces de l'ordre mènent des perquisitions à Al Hoceima et à Marrakech    Le rappeur Maes arrêté au Maroc pour enlèvement et séquestration    La SNRT et le Qatari Es'hailSat concluent un partenariat stratégique pour la diffusion satellite dans la région MENA    Rahimi s'offre un doublé face à Al Nasr    Hachim Mastour : « j'aimerais terminer mes études secondaires et éventuellement aller à l'université. »    Le ministre de la Justice présente un projet de loi pour moderniser la procédure pénale    CAN 2025 : Le tirage au sort aura lieu au Théâtre National Mohammed V de Rabat    Arabie Saoudite : Al-Fateh dément l'arrivée de Hakim Ziyech    FICAM 2025 : Le cinéma d'animation en interaction avec le jeu vidéo à Meknès    Exposition: Fatna Gbouri, de la cambrousse aux prestigieuses collections    Visé par un mandat d'arrêt international, le rappeur Maes interpellé à Casablanca    Maroc : La police de Kénitra démantèle une plateforme numérique de prostitution    Adel Taarabt reste aux Émirats et demande à quitter Al-Nasr    Libération de l'otage espagnol : les zones d'ombre persistantes d'une obscure opération algérienne    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Fikri, Damir et les autres
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 30 - 08 - 2002

Fascinée par les Talibans, le Mollah Omar et Ben Laden, la bande à Fikri et à Damir avait sévi dans l'ombre depuis plusieurs années. Ces intégristes d'un autre genre ont commis des meurtres et des agressions en série au nom de la religion avant de tomber par le pur des hasards à Tanger. Récit.
Le Maroc a vécu un été 2002 chaud. Meurtrier. Un mois d'août au long duquel les Marocains ont découvert, entre peur et stupéfaction, que leur pays n'est pas à l'abri de l'intégrisme violent animé par une horde de jeunes obscurantistes, qui ont décidé de passer à l'action. Tuer ceux qu'ils jugent “impies“ et “mécréants“.
Bienvenue dans la citadelle de la Salafia Jihadia, le nom cette mouvance clandestine, apparue au début des années 90 et jusqu'ici très peu connue du grand public. Les adeptes de cette nébuleuse, dont certains étaient des combattants en Afghanistan, furent démasqués à Tanger grâce aux aveux de Youssef Fikri, alias l'émir Abdelaziz, arrêté par hasard le 6 juillet dans la ville du détroit avec deux de ses comparses. Les accusés, qui ont tenté de se faire passer pour de simples délinquants, ont fini par avouer une série d'agressions, d'enlèvements et de meurtres restés jusqu'ici mystérieux. Ils vivent d'ailleurs de larcins qu'ils considèrent comme du butin.
Parmi les assassinats, le point de départ d'une enquête tous azimuts, celui du notaire Abdelaziz Assadi à Casablanca, kidnappé en pleine nuit à Casablanca avant d'être égorgé et son cadavre jeté dans un puits . Ni vu ni connu. Fikri le sanguinaire égorgera aussi son propre oncle, Abdelaziz, qui a une maîtresse dans un douar dénommé Khnichat à Youssoufia. Pour cela, il a juré d'avoir sa peau. En effet, le couple adultérin est surpris le 26 octobre 1998 par l'arrivée à l'improviste de Fikri et consorts. “ Je suis le mieux placé pour le tuer“, lâche Fikri, le regard terrifiant. Et il passe à l'acte froidement sous l'œil effaré de la femme. Car d'habitude, “l'honneur de tuer“ revient au chanceux favorisé par le tirage au sort.
Quelques jours avant leur capture fortuite à Tanger, le trio de la mort avait débarqué à Tanger. C'est à partir de cette planque, où les enquêteurs saisissent 3 fusils à canon scié et 90 balles, que la bande a décidé de faire les repérage nécessaires. Fikri et ses amis se mettent d'accord pour assassiner trois industriels, un député, un haut gradé de la Sûreté et quelques trafiquants en vue. Après une semaine de reconnaissance et d'acclimatation, ils descendent en ville après la tombée de la nuit. Un taxi-driver s'arrête pour déposer une cliente. Une querelle éclate entre le chauffeur et la dame, probablement autour du tarif de la course. Nos tueurs assistent à la scène. Dans un moment de colère, le chauffeur de taxi aurait fait offense à la religion. Mal lui en a pris. La triplette intégriste, qui n'avait pas dans le programme l'assassinat d'un chauffeur de taxi, monte dans ce même taxi. Dès le démarrage du véhicule, les mains du conducteur sont attachées et la bouche bâillonnée.
Les coups de poings pleuvent. Les coups de coutelas aussi. Les agresseurs s'emparent de la voiture. Comme ils ne connaissent pas bien Tanger, ils se perdent dans ses dédales. Panique à bord. Affolés, ils abandonnent la voiture à Aqabat Chorf, tout près du 4ème arrondissement. À ce moment-là, surgissent de la nuit noire des éléments de la PJ portant des gilets, qui faisaient une ronde à pied. Les tueurs ne sont pas loin, on peut les apercevoir aux prises avec un autre chauffeur de taxi qu'ils s'emploient de toutes leurs forces à jeter hors de son véhicule. Après un moment d'hésitation, les policiers, au nombre de six, affrontent la situation. Deux agresseurs armés de sabre -le troisième a eu le temps de s'enfuir- contre 6 agents de sécurité. Il est minuit passée, ce 12 juillet 2002. Fikri et son acolyte, un salafi de Fnideq, seront maîtrisés après une résistance farouche.
Le fuyard n'est autre que Mohamed Damir, alias Abou Al Harit. Agé de 30 ans, issu du quartier El Oulfa à Casablanca, celui-ci est l'une des figures agissantes de la Salafia Jihadia. Passablement inculte, il a fait ses classes chez les patrons de cette mouvance, les Fizazi, Haddouchi et autres Kettani. Youssef Fikri, niveau 2ème année secondaire, qui a vécu dans un milieu islamiste (son père est un modéré), rencontre Abou Al Harit en juillet 1999 et devient membre de son groupuscule. C'est Damir qui a ordonné à ses ouailles de se raser de près et de s'accoutrer d'une manière branchée (jean, tennis et Chewing gum) pour éviter d'attirer l'attention et de se fondre facilement dans la foule.
Avant que les deux hommes ne se croisent, chacun a sévi à sa manière. S'habillant à la manière des Talibans, la bande salafie agressait les couples au vu et au su de tous avant de s'installer à Douar Skouilla dans la périphérie casablancaise. Suite à un différend sur le rapt d'un fonctionnaire à Nador, Fikri fait scission et crée son propre groupe tout en défendant “la même cause“ et en montant les mêmes opérations avec son compagnon.
Maintenant que l'ennemi a été identifié, il fallait passer à l'action. Faire la chasse à ces tueurs de l'ombre. Mobilisation intense de tous les appareils de sécurité dans les différents lieux d'implantation des réseaux. La première confrontation a pour théâtre, dans la nuit du mardi 6 août, une habitation de Sidi Moumen à Casablanca. Mohamed Damir et d'autres adeptes se planquaient dans une maison. Intervention de la police.
Le face-à-face est sanglant. Un agent de sécurité a failli y passer, blessé à l'arme de prédilection de ces fous de dieu, le sabre. La police, obligée de se défendre, utilise ses pistolets. Rabii Aït Ouzou, le compagnon de Damir succombera plus tard à l'hôpital. Le second est toujours hospitalisé. L'action énergique des services de sécurité ne s'arrête pas là. Une trentaine d'interpellations sont opérées à Tanger, Tétouan, Fès et Casablanca. Seul mot d'ordre : ne pas baisser la garde. Sévir là où les obscurantistes se terrent. La lutte continue…


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.