Il ne viendra à personne l'idée que M. Abbas El Fassi est un tant soit peu mouillé dans l'affaire des 30 000 emplois fictifs promis par la société émiratie Al Najat. Ministre en charge de l'emploi et des questions sociales, M. El Fassi est par ailleurs premier responsable du Parti de l'Istiqlal, l'une des composantes politiques les plus importantes dans notre pays. Il ne viendra à personne l'idée que M. Abbas El Fassi est un tant soit peu mouillé dans l'affaire des 30 000 emplois fictifs promis par la société émiratie Al Najat. Ministre en charge de l'emploi et des questions sociales, M. El Fassi est par ailleurs premier responsable du Parti de l'Istiqlal, l'une des composantes politiques les plus importantes dans notre pays. À ce titre et compte tenu de son parcours, des importantes responsabilités politiques et diplomatiques qu'il a assumées pour le compte de son pays, il joue un rôle de premier plan dans la vie politique et institutionnelle nationale. Mais dans l'affaire de ces emplois fictifs, il a fait preuve, au bas mot, d'une certaine cécité politique et d'une fébrilité qu'il aura du mal à effacer en tentant, après coup, de se justifier et de diluer sa propre responsabilité dans celle de l'ensemble du gouvernement qui, il faut le dire aussi, a observé une passivité très discutable dans ce dossier. M. Abbas El Fassi, dont la bonne foi n'est certainement pas à mettre en cause, informé par les soins des responsables de l'Anapec, placés sous sa tutelle et proches de lui politiquement, de l'offre mirifique des 30 000 emplois, a vu dans cette manne, outre l'opportunité de donner de l'espoir et des moyens de subsistance à des milliers de jeunes marocains, une occasion précieuse et à point nommé pour redorer le blason du Parti de l'Istiqlal, dans une période préélectorale. Une aubaine qui permettrait à cette formation politique de marquer des points en termes de popularité, convertibles en gains électoraux, dans la compétition serrée qui s'annonce. Les pressions de l'agenda politique, le déficit dans l'entourage du ministre en termes d'expertise et de bons conseils, ainsi qu'une certaine propension de l'homme à la suffisance, au désespoir de ses propres amis politiques, l'ont entraîné dans cette affaire tout droit dans le mur. À tel point que certaines de ses déclarations irréfléchies sur ce sujet paraîtront, avec le recul du temps, tout simplement des aberrations de quelque point de vue qu'elles seront appréciées. Jusqu'à présent, une affaire aussi importante que l'expatriation massive de dizaines de milliers de nationaux aux fins d'emploi n'a fait l'objet d'aucune communication officielle du gouvernement. M. Abbas El Fassi est certes le chef de file du parti de l'Istiqlal et il est légitime qu'il ait des réflexes et des attitudes compatibles avec les choix et les intérêts de ce parti national. Mais il est aussi membre du gouvernement marocain au nom duquel il agit en tant que responsable public. À ce titre, il est plus qu'urgent de donner des clarifications sur le sort des dizaines de milliers de candidatures en souffrance et dans lesquels il avait engagé sa parole et sa crédibilité. Pour notre part, à ALM, encore une fois, ce n'est ni un acharnement, ni une kabbale que nous menons, on ne sait pas dans quel but d'ailleurs, contre une personnalité politique nationale avec laquelle nous n'avons aucun contentieux. Bien au contraire. Simplement, et même si nous avons de quoi être fiers du travail d'investigation et de sérieux que l'ensemble de la rédaction a déployé sur ce dossier depuis plus de trois mois, nous aurions tellement aimé nous tromper dans nos pressentiments de départ, laissant flairer l'arnaque et l'escroquerie dans les agissements d'AL Najat chez nous. En pensant aux dizaines de milliers de victimes désabusées et désorientées, nous ressentons une vive amertume et pensons que notre pays ne mérite pas une humiliation comme celle-là.