L'affaire dite des trente mille emplois fictifs de la société émiratie Al Najat est en train de se transformer en un gros scandale politico-social, derrière lequel pointe le drame de dizaines de milliers de victimes, orphelins d'un rêve et d'un espoir que leur ont fait miroiter des marchands de mirages, sans foi ni loi. L'affaire dite des trente mille emplois fictifs de la société émiratie Al Najat est en train de se transformer en un gros scandale politico-social, derrière lequel pointe le drame de dizaines de milliers de victimes, orphelins d'un rêve et d'un espoir que leur ont fait miroiter des marchands de mirages, sans foi ni loi. Certes, des charlatans et des vendeurs de chimères existent de tout temps et les personnes abusées dans des arnaques ou des escroqueries, de tous genres, se comptent dans tous les milieux et sous tous les cieux. Mais, ce qu'il y a d'intolérable et de hideux dans l'affaire des victimes d'Al Najat et de l'Anapec réunies c'est la caution apportée par les pouvoirs publics en la personne du Directeur de l'Anapec, Chafik Rached, et du ministre de tutelle, Abbas El Fassi, à une opération sulfureuse qui a grugé des dizaines de milliers de nos concitoyens et dont personne ne peut encore évaluer l'ampleur des ravages. Durant des mois, le ministre de l'emploi a déployé un zèle sans égal pour faire la promotion d'une opération sur le bien-fondé de laquelle il n'avait aucune garantie. Depuis des mois, pourtant, des articles de presse, notamment dans notre quotidien, se sont fait l'écho d'informations, d'avis autorisés et d'expertises compétentes, qui indiquaient tous que la société Al Najat n'était pas en mesure de tenir ses promesses, que le marché de l'emploi sur les bateaux de croisière ne pouvait absorber ces effectifs de candidats, que les procédures ne présentaient aucune visibilité, que le choix de la clinique était douteux, etc. Mieux encore, en provenance de nombreux pays à travers le monde, des informations récurrentes et recoupées arrivent à qui voulait s'y intéresser pour dire que la société Al Najat s'était rendu coupable d'opérations d'escroquerie avérées et qu'elle avait déjà fait des dizaines de milliers de victimes au Kenya, en Syrie, en Jordanie, au Vietnam, au Pakistan, en Inde, etc. Au lieu de diligenter les enquêtes et les investigations qui s'imposaient, le ministre s'échinait à défendre coûte que coûte le bien-fondé d'une opération douteuse, tant devant le Parlement que dans les médias. Une caution qui a évidemment induit en erreur davantage de victimes qui ont continué à s'inscrire et à se saigner en frais de toutes sortes pour obtenir de ticket d'embarquement…pour nulle part. Aujourd'hui, les victimes expriment partout et de toutes leurs forces leur désarroi et leur indignation. Le gouvernement est éclaboussé, l'image de l'État est mise à mal. Au-delà de toutes les formes de réparation qui pourraient être trouvées, il s'agit aussi de faire la lumière, toute la lumière, sur ce scandale très préjudiciable à l'image et à la crédibilité du Maroc. Abbas El Fassi, en tant que ministre, en tant que député de la nation et en tant que leader d'un grand parti politique national, doit être le premier à réclamer d'urgence la mise sur pied d'une commission d'enquête parlementaire pour démasquer les manœuvres et les agissements qui l'ont induit en erreur et lui ont fait assumer le rôle peu enviable qui est le sien. C'est une question de dignité avant tout !