De plus en plus nombreux sont ceux qui ont déjà entendu parler de l'affaire des 30 000 emplois fictifs promis par la société émiratie Al Najat et validés par l'ANAPEC. Ce mauvais feuilleton, qui est actuellement en train de se transformer en cauchemar pour les victimes et leurs familles d'abord, mais aussi pour les pouvoirs publics et notamment pour les services de sécurité… De plus en plus nombreux sont ceux qui ont déjà entendu parler de l'affaire des 30 000 emplois fictifs promis par la société émiratie Al Najat et validés par l'ANAPEC. Ce mauvais feuilleton, qui est actuellement en train de se transformer en cauchemar pour les victimes et leurs familles d'abord, mais aussi pour les pouvoirs publics et notamment pour les services de sécurité qui commencent à faire face aux troubles à l'ordre public provoqués par la colère légitime des victimes de cette scandaleuse mascarade, aurait pu être interrompu à tout moment. Mais, pour cela, il fallait que le ministre de l'emploi, M. Abbas El Fassi fasse preuve de davantage de discernement, de perspicacité dans l'exercice de ses responsabilités et de courage politique. L'affaire, on s'en rappelle, avait débuté en mars dernier et seuls quelques cabinets privés de recrutement, la clinique Dar Salam aux pratiques et aux accointances douteuses, puis le sieur Chafik Rached, Directeur de l'ANAPEC, étaient engagés dans l'opération, jusqu'en juin. Il est vrai que nous, à «Aujourd'hui le Maroc», on avait dès le début avril tiré la sonnette d'alarme. L'enquête que notre rédaction a menée dans diverses directions, la somme d'informations que nous avons récoltées sur les agissements d'Al Najat, dans les nombreux pays où elle avait déjà sévi, le concours précieux d'experts nationaux et internationaux qui nous ont éclairé sur les irrégularités et les zones d'ombre de l'opération, nous ont permis d'accumuler les preuves irréfutables sur le caractère malveillant et louche de cette opération qui s'amplifiait de jour en jour et touchait des dizaines de milliers de jeunes victimes. Au moment même où on s'attendait à une réaction des pouvoirs publics pour mettre fin à cette scandaleuse escroquerie, nous fumes sidérés de voir le ministre de l'emploi en personne, membre éminent du gouvernement et grande figure de la classe politique nationale, monter au créneau et nous prendre à partie, dans les médias, en des termes à peine voilés et très désobligeants. Lors d'une émission télévisée sur 2M, «Fil Al Wajiha», à une heure de grande écoute, M. Abbas El Fassi s'est longuement efforcé d'argumenter dans le sens d'une validation et d'une caution sans appel de l'opération des emplois fictifs d'Al Najat et de l'ANAPEC réunies. Mieux encore, le numéro Un de l'Istiqlal, avec une moue de dédain et de courroux non feints, s'est étonné des agissements d'un «quotidien francophone non partisan paraissant à Casablanca, dont on ne sait qui le téléguide et qui s'est spécialisé dans la mise en doute de cette opération» (!). Par la suite, les journaux du PI et certains autres médias ont abondé dans le sens des propos du Zaïm donnant par là même un coup d'accélérateur à la poursuite de la tromperie sur l'ensemble du territoire national, sur fond de campagne électorale pour les élections qui étaient en vue. Tout s'est passé comme si rien ne pouvait avoir d'importance aux yeux de M. Abbas El Fassi hormis son destin politique personnel, quitte à prendre des libertés avec la vérité, la sagesse, le bon sens, voire même avec l'intérêt national, qui devait passer après ou au moins à travers son intérêt propre. Aujourd'hui, il est rattrapé par l'histoire qui, elle, a de la mémoire.