Bien qu'apprécié par sa production fruitière autant que fourragère, le figuier de Barbarie ne connaît pas d'extension notable au Maroc. Dès 1944, une collection de cactées a été établie sur une superficie de 500 ha à Béni Smir près de Oued Zem. Elle constitue actuellement une base importante de matériel végétal pour d'éventuels travaux sur les ressources génétiques du figuier de Barbarie. Cependant, bien que cultivé au Maroc depuis des décennies, le figuier de Barbarie, comme les fruits subtropicaux d'importance secondaire, s'est peu développé. La tendance générale est surtout de continuer à l'utiliser en tant que haie de délimitation de propriétés et de commercialiser ses fruits au voisinage des ceintures urbaines. A l'exception des zones sahariennes et des montagnes, le figuier de Barbarie est largement représenté dans le paysage rural marocain, en plantations plus au moins régulières, autour des villages, en haies limitant les parcelles de culture ou de vergers. La figue de Barbarie est un fruit de consommation appréciable en été et une source de revenus pour les petites exploitations familiales. Un genre de plantation qui constitue par ailleurs une ressource fourragère de soudure en zones arides et semi-arides est utilisé pour la protection des sols contre l'érosion dans les régions accidentées. Pourtant, le Maroc qui a connu plusieurs années de sécheresse successives gagnerait à développer la culture de cette plante et à intensifier la vulgarisation de son usage en tant que source de fourrage dans les zones sèches. Les fruits du figuier de Barbarie sont plus au moins gros (30 à 150 g), bacciformes piriformes (4-9 cm), jaunes à rouges à maturité, à pulpe molle, juteuse, sucrée, contenant dans un mucilage de nombreuses petites graines. Débarrassées de leur enveloppe charnue, les figues de Barbarie sont consommées fraîches. Très rafraîchissantes, elles sont aussi nutritives et 25 à 30 fruits suffisent à l'alimentation journalière d'un homme. Une plantation, conduite correctement et en terre moyenne, peut produire de 15 à 20 tonnes de fruits à l'hectare. Depuis plusieurs décennies, et plus particulièrement depuis la création du service de la défense et de la restauration des sols au Maroc, de nombreux périmètres d'amélioration pastorale ont été plantés en figues de Barbarie. Les régions du Centre et du Tensift sont parmi celles où des plantations régulières et sur de grandes étendues, ont été installées dans le cadre des opérations de lutte contre l'érosion. Dans son ouvrage «Aïlen», le grand écrivain Edmond Amran El Maleh en parle d'une façon originale et percutante, digne de ce fruit dit paradisiaque «Chumbo, kermos ennassara, les figues de Nazareth, hendia, figues des Indes, don des Aztèques, de l'Empire espagnol au peuple marocain, fruit de miel de sang et d'or, (…) aknari, fruit d'été, plaisir du pauvre et du riche aussi, (…), ami des chiens errants, des hommes errants, fruit de la passion et de la juste colère, sève des récits pittoresques, des constipations homériques, indice sûr du coût de la vie : hier il suffisait de louer le couteau pour s'en mettre plein le ventre, aujourd'hui il faut payer à la pièce ce fruit du destin, fruit métaphysique…». Le génie populaire marocain continue de produire des anecdotes à propos de ce fruit. Avec cette vague de spots publicitaires qui promettent des gains aux personnes qui consomment certains produits (huile , beurre, cubes de bouillon, poudre de lessive, boissons etc), un touriste approche un vendeur de hendia ironisant : «Il n'y a que ces figues qu'on ne passe pas à la télé en incitant les gens à leur consommation contre un éventuel lot de gain». Le marchand rétorque: «mais bien au contraire, vous êtes passible de gagner une 4x4 en mangeant un maximum, et que…» Avant que ce dernier termine sa phrase, l'homme commence à avaler les fruits se faisant servir par un gamin qui épluche les figues avec une dextérité infaillible. Au bout de la cinquantième hendia goulûment avalée, le marchand reprend la suite des conditions «voici les clés de la voiture si vous arrivez à vous soulager sans l'aide d'un médecin !»