Le secrétaire général du Mouvement démocratique et social, (MDS), Mahmoud Archane, n'en démord pas. Le bilan du gouvernement est une catastrophe. Son parti est une composante essentielle du champ politique national et les prochaines élections le démontreront. Entretien. Aujourd'hui la Maroc : Deux partis de la mouvance populaire, le MNP de Mahjoubi Aherdane et le MP de Mohand Laenser, ont signé, dimanche dernier, un accord de réunification. Comment analysez-vous cette décision? Mahmoud Archane : Je me réjouis de cette initiative. Comment en serait-il autrement alors qu'elle répond à mes vœux depuis plusieurs années? Ainsi, en août 1998, j'avais été le premier à proposer une formule de coordination et de rassemblement dans ce sens tant à Aherdane qu'à Laenser. En février 2002, j'ai également pris une initiative de même nature, avec un projet de plate-forme. C'est vous dire que je suis unitaire pour ce qui est de la famille de la mouvance populaire : par conviction mais aussi parce que par solidarité avec ses segments si proches les uns et les autres et qui doivent se réunifier parce que telle est, au fond, l'aspiration de notre base à tous. Je veux croire que cet accord MNP-MP n'est pas dicté par des convenances personnelles ni par un électoralisme à courte vue mais qu'il s'inscrit bien dans le cadre d'un processus unitaire conséquent. Le rassemblement dont tout le monde se réclame aujourd'hui ne réussira pas s'il cède la place au subjectivisme stérile et à de petits calculs politiciens. Je continuerai, pour ma part, à conjuguer mes efforts avec tous ceux qui, animés par un esprit sincère, ont à cœur de réunir les conditions des « retrouvailles » de notre grande famille. A vous entendre parler, on se dit que le MDS se porte bien , malgré les nombreuses défections de ses dirigeants, notamment les parlementaires… Le M.D.S n'a pas été bâti sur du sable. Ce n'est pas un parti «carton- pâte» que telle ou telle péripétie viendrait à mettre par terre. Nous sommes jeunes, le M.D.S a été créé en juin 1996; mais notre parti a fait sa place dans le champ politique. Ceux qui sont partis de nos rangs et qui restent nos frères et camarades parce que nous avons partagé des engagements communs un temps; l'ont-ils fait sur des positions de principe, sur des désaccords conséquents? Non je ne le crois pas! D'ailleurs où sont-ils allés ? Et font-ils entendre leurs voix là où ils sont? Le M.D.S se porte bien parce que notre détermination à défendre ce que nous sommes et nos idées est restée sans faille. Il en sera ainsi aussi bien lors de la prochaine campagne électorale, dans les semaines qui viennent, qu'au cours de la législature 2002-2007 ; mais aussi parce que nous avons un discours cohérent depuis des années, un programme d'action et plus globalement une vision d'avenir autour d'un projet de libéralisme social. C'est dire que le M.D.S est clairement identifié dans le champ politique national,ce qui tranche avec le côté frileux et «rase murailles» de tel ou tel parti pourtant dans l'opposition En solitaire, quels seraient les grands axes de votre campagne électorale ? Nous appelons les citoyens à opter pour un vote sanction : qu'a fait ce gouvernement qui avait tant promis voici quatre ou cinq ans, que se soit lors de la campagne électorale de 1997 ou dans son programme présenté au parlement en avril 1998 ? Qui peut sérieusement nier que ce bilan est globalement négatif ? Notre programme s'articule autour d'un développement durable, avec pour axes principaux la justice sociale, le progrès économique, la liberté et la sécurité. Il nous faut un nouveau pacte social permettant une intégration et une participation active de toutes les couches de la population… Mais tout le monde défend ce programme ! Aujourd'hui, oui, tout le monde défend ce programme ; mais ce sont nos idées, nos propositions, nos références qui ont été pillées par les uns et les autres, c'est du piratage ! Prenons l'USFP, qui a un rôle dirigeant dans ce gouvernement, elle défendait le socialisme d'Etat, la planification centralisée et autoritaire, les nationalisations, la réforme agraire, etc… Prenez encore le P.P.S et son programme «soviétique» avec un vernis de marocanité…C'est vous dire que ces partis ont renié leurs engagements et leur «monde» idéologique du passé - lequel accuse, vous le savez, un sinistre économique et politique consommé depuis la chute du mur de Berlin en 1989. Ils sont venus nous rejoindre dans la défense du libéralisme social qui est le nôtre. Mais vous ne voyez pas que le nouveau code électoral portera préjudice à votre formation ? Ce n'est pas vraiment un nouveau code électoral puisque seules les lois organiques relatives au mode d'élection des membres de la Chambre des représentants et aux circonscriptions électorales ont été amendées. Je voudrais tout de suite dire que cette réforme du scrutin me paraît bien significative de la méthode de travail de ce gouvernement : il ouvre des dossiers et annonce des réformes qu'il ne finalise pas ou bien tardivement quand elles voient enfin le jour. Cela fait plus de quatre ans que la cabinet Youssoufi nous parle de la préparation des élections et d'un mode de scrutin étudié. Mais savait-il vraiment ce qu'il voulait ? Dans certains milieux, on continue à vous critiquer pour votre passé, et qui risque de prendre de nouvelles dimensions à la veille des élections ? Pour ce qui est de mon passé, c'est celui d'un patriote, élevé dans un famille de résistants, attaché au trône, et qui a servi son pays. Puisque certains veulent remuer certaines années difficiles du passé, parlons-en. L'éclairage sur cette période doit être total et intégral. C'est parce que ma conduite, personnellement, a été irréprochable que j'ai demandé depuis deux ans la création d'une commission parlementaire d'enquête sur certains événements qui ont marqué l'histoire récente du Maroc. Mehdi Bennouna nous livre aujourd'hui, dans son livre «Héros malgré lui» le fruit d'un travail d'enquêtes de cinq années et d'historiens, basé notamment sur une centaine d'entretiens. Il y a bien, sous l'égide et à l'instigation de responsables identifiés, une action de déstabilisation contre le Royaume et ses institutions. Ces personnages vont-ils gérer ces accusations en espérant leur dilution ? Après la lettre de Fquih Basri et le livre explosif de Mehdi Bennouna, je continue encore à m'interroger sur la présence de patriotes comme MM. Osman et Aherdane dans le cabinet d'alternance.