L'enquête, relative aux huit cadavres jetés sur une voie publique à Taroudant, n'avance pas. Les enquêteurs ne rejettent aucune piste. Dix-sept jours après leur découverte, les cadavres de Taroudant intriguent toujours les policiers. L'enquête sur les victimes de Taroudant piétine. Dix-sept jours après la découverte macabre, la police judiciaire de Taroudant n'a pas progressé d'un iota. «Jusque-là, nous n'avons aucune piste, et tout ce qui a été rapporté sur le sujet relève de la spéculation. Nous opérons dans plusieurs directions», confie à ALM une source policière autorisée. Quand on insiste un peu sur la nature de la direction privilégiée, la source répond qu'elle concerne «l'obsession sexuelle». Des «obsédés sexuels» ont été entendus par la police, mais rien ne laisse supposer qu'ils soient mêlés à l'affaire des cadavres. L'un d'eux a même été arrêté, mais dans une affaire de droit commun. «Il n'a absolument rien à voir avec les victimes», affirme la source. La deuxième piste citée concerne la «sorcellerie». Les fqihs et voyantes de la région font l'objet d'investigations soutenues. Mais là encore, aucun élément sérieux ne permet de privilégier le sacrifice d'êtres humains pour des fins de sorcellerie. La piste du trafic d'organes est carrément éloignée par la source, même si elle ajoute qu'il ne faut pas la négliger. Bien entendu, rien ne doit pas être négligé dans une enquête de cette nature. En réalité les enquêteurs sont confrontés à une situation à laquelle ils n'étaient pas préparés. Le caractère inédit des crimes de Taroudant désarçonne la police judiciaire. Et jusque-là, l'enquête progresse plus dans l'Institut médico-légal au CHU Ibn Rochd de Casablanca que sur le terrain. Les seuls éléments fiables sont livrés par le médecin légiste. D'abord l'âge des victimes, toutes de sexe masculin, qui a été déterminé avec précision. Deux d'entre elles sont âgées de 11 ans. L'âge de cinq autres se situe entre 13 et 14 ans. Et la plus âgée a 15 ans. En plus, les investigations à l'Institut médico-légal ont révélé que l'une des victimes avait subi une extraction de molaire. Elles ont également permis de s'assurer de traces de ligatures sur les poignets de l'une des victimes. Cette information ne laisse aucun doute sur les sévices qu'elle a subis avant sa mort. Elle oriente aussi l'enquête vers la piste de tortures subies par les victimes avant leur mort. A signaler que l'une des personnes assassinées avait les doigts coupés, tandis que d'autres ont été démembrées. A rappeler que huit cadavres, en état de décomposition très avancée, ont été retrouvés, le matin du vendredi 20 août, sur une voie publique à Taroudant. Ils ont été jetés dans une rue passante. La plupart des cadavres étaient si bien décomposés qu'ils étaient déjà au stade de tas d'ossements. Cinq d'entre eux, carrément des squelettes, ont été amoncelés à découvert dans un même endroit. Tandis qu'à 500 mètres de là, trois cadavres ont été mis dans des sacs en plastique. Ils dégageaient de mauvaises odeurs en raison de leur putréfaction. Des parties tronquées, dont un buste sans tête et la partie inférieure comportant l'aine et les jambes, figuraient parmi les membres enveloppés dans des sacs en plastique. Le ou les auteur(s) des crimes se promène(nt) toujours en liberté.