L'enquête, relative à huit cadavres jetés sur une voie publique à Taroudant, progresse. L'âge des victimes a été déterminé et deux d'entre elles ont été identifiées. Les blessures visibles sur les corps ne laissent aucun doute sur les sévices qu'ils ont subis. Les premiers éléments de l'enquête sur la découverte des huit cadavres de Taroudant confirment la thèse de la mort d'origine criminelle. L'autopsie a révélé que les corps portent des traces de coups sur les crânes et les autres membres. La date de mort diffère d'un cadavre à un autre. L'une des personnes a été assassinée, il y a moins de 3 mois. Pour les autres, la mort se situe entre 6 mois et trois ans, précise à la MAP Saïd Louahlia, directeur de l'Institut médico-légal au CHU Ibn Rochd de Casablanca. Toutes les victimes sont de sexe masculin et âgées de 13 à 16 ans. Le service du professeur Louahlia travaille à leur identification par ADN. Mais d'emblée, deux personnes ont été identifiées, affirme à ALM une source policière. «Il s'agit de deux jeunes de la ville de Taroudant dont le profil est très ordinaire». La source ajoute que la police judiciaire attend la confirmation du test par ADN pour «être à 100% sûre de leur identité». L'identification des deux cadavres rend encore plus complexe cette affaire, qualifiée d'«inédite au Maroc » par la source policière. A rappeler que huit cadavres, en état de décomposition très avancée, ont été retrouvés, vendredi matin, sur une voie publique à Taroudant. Ils ont été jetés dans une rue passante devant les locaux d'un mécanicien et d'une auto-école. La plupart des cadavres sont si bien décomposés qu'ils étaient déjà au stade de tas d'ossements. Cinq d'entre eux, carrément des squelettes, ont été amoncelés à découvert dans un même endroit. Tandis qu'à 500 mètres de là, trois cadavres ont été mis dans des sacs en plastique. Ils dégageaient de mauvaises odeurs en raison de leur putréfaction. Des parties tronquées, dont un buste sans tête et la partie inférieure comportant l'aine et les jambes, figuraient parmi les membres enveloppés dans des sacs en plastique. Cette découverte a plongé dans la stupeur la population. Et les premiers éléments de l'enquête confirment la singularité du dossier. D'abord, il «est clair que les cadavres ont été exhumés de la terre avant d'être jetés dans la voie publique», précise la source policière. Ils portent encore la marque de la terre où ils ont été ensevelis. Pourquoi ont-ils été déterrés ? Qu'est-ce qui a poussé les ou l'auteur du crime à les déloger d'un endroit qui était sûr pendant trois ans ? Et puis, les différentes dates de l'assassinat des jeunes confirment qu'il s'agit de crimes en série. Leur(s) auteur(s) ? «Un ou des sadiques», affirme sans hésitation la source policière. L'enquête a en effet établi que les victimes ont subi des sévices graves avant d'être assassinés. Certaines ont été pendant longtemps ligotées, d'autres ont les doigts de la main coupés. Deux pistes sont privilégiées par les enquêteurs. Celle de la sorcellerie. «Cette région est très connue pour des actes de sorcellerie impliquant des sacrifices d'adolescents», avait affirmé à ALM une source proche du dossier. Le crime pourrait être donc celui d'un «fqih» qui ne recule devant rien. L'autre hypothèse, «tout aussi sérieuse », concerne un pédophile. Ce «prédateur» aurait perpétré ses crimes pendant des années sans être inquiété. Les cadavres de Taroudant ont à peine commencé à «parler». Ils risquent non seulement de compromettre les assassins, mais également les autorités qui classeraient trop rapidement les plaintes au sujet de disparus.