En état d'ivresse, Hassan, âgé de vingt-quatre ans, et marchand ambulant de son état, a abusé sexuellement d'un petit garçon de douze ans . Un acte ignoble qui lui vaut quatre ans de prison ferme. La Chambre criminelle près la Cour d'appel d'El Jadida. Hassan est au box des accusés, poursuivi pour attentat à la pudeur contre un mineur de moins de quinze ans. La victime attend en dehors de la salle d'audience avec sa mère. Il est âgé de douze ans et vient d'échouer en cinquième année d'enseignement fondamental. Cet échec est-il l'effet d'un état psychique déplorable qu'il a eu après la violence sexuelle qu'il avait subie ? Sans doute, puisqu'il avait réussi dans les quatre niveaux scolaires avant le cinquième. À l'intérieur de la salle d'audience, l'avocat soutenant Hassan a déjà requis l'annulation du procès-verbal, et ce pour plusieurs raisons. La première est que la famille du mis en cause n'a pas été avisée par l'arrestation de son fils, la deuxième est que la durée de la garde-à-vue n'a pas été respectée et enfin parce que les déclarations consignées dans le PV ont été recueillies sous la torture. “Tous ces points révélés par l'avocat sont infondés a répondu le représentant du ministère public. Ce dernier a demandé le rejet de cette requête qui reste injustifiée. Seulement, le dernier mot revient à la Cour qui a décidé d'entamer l'interrogatoire de Hassan. «Je suis innocent M. le président» est la première phrase lancée par Hassan, un jeune marchand ambulant de vingt-quatre ans, célibataire. Est-il vraiment innocent ? Selon le procès-verbal, il était en état d'ivresse avancé quand il a croisé vers 19h l'écolier victime. De coutume, il s'énivre à chaque fois qu'il termine son travail. Il achetait de l'eau-de-vie (Mahia) et se réfugiait, soit seul soit en compagnie de quelques amis dans un terrain vague pour boire sa dose presque quotidienne. Et il n'hésitait pas parfois à fumer un joint ou deux. Seulement, il n'a jamais violenté personne. D'abord, il n'a jamais été mouillé dans une affaire ni délictuelle ni criminelle. Autrement-dit il n'est pas un repris de justice. Toujours selon le procès-verbal, lorsqu'il a rencontré l'écolier, il lui a demandé de l'accompagner vers une laiterie pour lui acheter un casse-croûte. L'écolier le connaissait parce qu'il habite dans les parages. Raison pour laquelle l'écolier victime a osé le suivre à la recherche d'une laiterie. Ils en ont trouvé plusieurs, mais Hassan lui prétendait qu'elles ne préparaient pas de bon lait caillé traditionnel (raïb). Il lui a demandé de l'accompagner vers une autre qui se situe un peu plus loin pour en avoir le meilleur. Et l'écolier l'a suivi avec innocence jusqu'à un terrain vague. Il lui a dit qu'ils vont le traverser pour arriver à la laiterie qui se situe à l'autre côté. A mi-chemin, il l'a poussé vers un coin et a brandi un couteau. Il lui a ôté le pantalon pour abuser de lui sans pitié. Cette histoire, Hassan la rejette en bloc et avance qu'il s'agit d'un coup monté par la mère de l'écolier. Pourquoi ? Il a affirmé à la Cour qu'elle avait un malentendu avec sa mère, qui s'est développé à l'échange d'invectives. La mère de la victime a expliqué à la cour qu'elle avait effectivement un malentendu avec celle de Hassan, mais qu'elle a totalement oublié. Elle a ajouté qu'il s'agit d'un simple malentendu de marchandage concernant les légumes qu'il vendait et qu'il ne peut en aucun se transformer en vengeance. Son fils victime a rappelé à la Cour toute l'histoire consignée dans le procès-verbal. Prenant la parole, le représentant du procureur du Roi a qualifié le crime perpétré par Hassan d'atteinte à l'enfance et, partant, à l'innocence. Il a précisé dans son réquisitoire que le châtiment contre le mis en cause doit être lourd pour être une leçon pour les autres personnes tentées par le viol, quelle que soit la victime. L'avocat a affirmé son accord avec le représentant du ministère public que le châtiment soit lourd, à condition que Hassan soit l'auteur du crime. Seulement, a précisé l'avocat, ce dernier rejette en bloc les accusations que lui ont attribuées l'enfant et sa mère, qui avait un malentendu avec lui. L'avocat a achevé sa plaidoirie par la réclamation de l'acquittement de son client. Toutefois, la Cour a un autre avis après les délibérations : elle a jugé Hassan coupable pour atteinte à la pudeur contre un mineur et l'a condamné à quatre ans de prison ferme.