L'entraîneur de l'équipe nationale française a décrété la mobilisation générale en perspective «du match de la mort» Fabien Barthez est le seul coin bleu d'un ciel bas et lourd tombé comme un couvercle sur l'équipe de France de football à Séoul. "Il faut garder la joie de vivre, se faire plaisir, réaliser que c'est un grand moment d'être ici", déclare le gardien de l'équipe de France, pour qui la défaite face au Sénégal lors du match d'ouverture du mondial 2002 vendredi fait partie "des choses de la vie". Alors que Marcel Desailly a fustigé les insuffisances de son équipe, que Roger Lemerre évoque la possibilité d'un retour à trois récupérateurs, et que Zinédine Zidane plus que jamais sous pression met les bouchées doubles pour retrouver une cuisse de poulet fermier, Barthez prend le contrepied des oiseaux de mauvais augure. "Je sens le groupe bien, dans un bon état, y compris physique", a déclaré le gardien de Manchester United, juste avant l'entraînement dimanche soir. L'ambiance n'est pourtant pas au beau fixe dans l'hôtel de l'équipe de France, contrainte d'affronter du regard à chaque sortie, lors du court déplacement nécessaire pour gagner le restaurant, la grande affiche barrant l'entrée du complexe résidentiel : "Everyone's a winner at sheraton walker hill" (tout le monde est un vainqueur au Sheraton walker hill)... Pour l'heure, ils sont 23 perdants, menacés par l'épée de Damoclès d'une élimination au premier tour. Déjà plombés par les statistiques qui indiquent qu'aucune équipe qui a perdu son premier match n'a jamais remporté la coupe du monde. Le capitaine Marcel Desailly a eu la dent dure pour sa formation, qui affrontera l'Uruguay jeudi, puis le Danemark sans aucun droit à l'erreur le 11 juin. Il a évoqué des "erreurs de débutants, un manque d'imagination, un manque de percussion, le non-respect des consignes de replacement"... Roger Lemerre envisage d'abandonner son traditionnel 4-2-3-1, pour revenir à une formule à trois récupérateurs lancée par Aimé Jacquet en 1994 et qui avait permis aux tricolores de devenir champions du monde. L'absence -provisoire?- de Zidane, l'incapacité de Youri Djorkaeff à jouer dans un registre équivalent à celui de "Zizou", et l'"inconnue" que représente Johan Micoud pourraient accélérer ce changement tactique. Le sélectionneur national a annoncé son intention de voir évoluer Vincent Candela à la récupération, alors que Micoud pourrait se retrouver en soliste au poste de chef d'orchestre si Zidane, blessé, devait encore être préservé. L'équipe de France est donc transformée en véritable laboratoire, alors que se profile le "match de la mort" contre l'Uruguay, comme l'a qualifié David Trezeguet. Le meilleur buteur du championnat d'Italie a apporté sa contribution au débat, en déclarant qu'il "manque quelqu'un au milieu pour donner des ballons aux attaquants". Le chantier de l'entrejeu semble donc grand ouvert. Lilian Thuram, critique de sa propre prestation face au Sénégal, estime qu'avant de remettre en cause un système de jeu, "les joueurs doivent d'abord bien jouer au football, bien faire leur métier". Ce qui laisse entendre que certains auraient péché, comme l'avait dit Lemerre, peu satisfait "du manque de dépassement de soi" de certains. Face à la fatigue physique des uns, à la lassitude des autres, au manque d'un créateur en l'absence de Zidane, l'heure semble bien à la prudence. "Le système de jeu à trois récupérateurs a amené pas mal de choses à la Fance", reconnaît Thuram. Roer Lemerre, qui a abndonné cette formule depuis plus d'n an pour favoriser ses attaques supersoniques, pourrait la remettre au goût du jur. Car dans cette configurtion, la France n'a perdu q'une fois en 22 rencontres. A quatre jours du rendez-vous important face à l'Urguay, Roger Lemerre a en tout cas décrété la mobilisatin générale dimanche. Avant l'entraînement, le sélectioneur a harangué son groupe, réuni en cercle au milieu du terrain. Dix longues minutes d'explication pour remette les pendules à l'heure. Les joueurs ont pris note. Il devaient passer dimanche sir une dernière soirée avec leurs compagnes, qui repartront dès lundi. Lundi, le his-clos sera d'ailleurs tout là la demande du sélectioneur. L'équipe de France est désormais sur le pied de gurre. • Jean-Luc Courthial (AP)