Elaborée par la Banque Mondiale, une étude parue récemment analyse le coût économique de la non- participation des femmes, dont le taux d'insertion dans le monde du travail ne dépasse pas les 30%. Le manque à gagner économique est de l'ordre de 25%. Quel est le coût économique du peu, ou pas, de participation de la femme dans la vie active ? La question peut paraître saugrenue, incongrue mais, à l'analyse d'une étude élaborée par la Banque Mondiale, on est forcé de se poser un peu plus sérieusement la question. Cette étude, qui concerne exclusivement la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) surprend à plus d'un titre. D'abord, en dressant un bilan plutôt positif de la situation de la femme de façon générale dans cette région, où 5,3 du PIB, le taux le plus élevé au monde, est consacrée à l'éducation et la santé de la femme. Mais tous les acquis nouveaux de la femme dans cet espace ne se répercutent pas sur le marché du travail. Alors que 63% du nombre total d'étudiants universitaires sont en fait des étudiantes, la proportion des femmes qui au travail reste des plus limitées, ne dépassant guère les 30%, contre 45% en Amérique latine, 60% en Afrique. Plus intéressant encore dans cette étude est le poids économique de cette « négligence ». D'après l'étude précitée, les femmes constituent une grande richesse …non encore exploitée dans la région. Les manques à gagner s'élèvent à quelque 25% en terme de revenus par famille. Si toutes les potentialités féminines étaient exploitées de façon optimale, la part individu du PIB aurait gagner 0,7% de plus, soit plus que la moyenne enregistrée pendant toute la dernière décennie et qui n'a été que de 1,9% annuellement. «Les craintes liées à des pertes d'emplois au sein de la gent masculine si jamais l'emploi des femmes venait à se répandre sont dénuées de tout fondement», précise l'étude. Et pour cause, le travail des femmes n'est pas une alternative à celui des hommes. L'insertion des premières dans le monde du travail n'est jamais accompagnée d'une baisse dans l'insertion des derniers. C'est plutôt le contraire qui s'opère, explique la B.M. Les facteurs qui participent à cette baisse constatée de la participation féminine dans le monde du travail sont à chercher ailleurs. Notamment dans l'absence ou la rareté des offres d'emploi , due à la récession économique de la région. Il y a aussi le fait que les femmes, elles-même, préfèrent généralement travailler dans le secteur public, plus égalitaire en termes d'opportunités de travail et de salaires. L'aspect social n'est également pas à écarter. La perception traditionnaliste, voulant que ce soit l'homme qui prend en charge financièrement la famille est toujours de mise. Les horaires du travail, les autorisations aussi obligatoires que préalables que doit avoir la femme pour voyager ou travailler sont aussi pour beaucoup dans cet état des lieux. Reste un espoir, celui de l'essor démographique de cette région qui assiste à la montée en puissance d'une génération de jeunes femmes et de jeunes hommes qui évoluent dans des cadres plus favorables à une approche égalitaire profitable à toutes et à tous. Les revendications sociales, qui vont dans le sens de permettre à tout un chacun de faire ses preuves, ne seront pas sans changer la donne. Même si la balle se trouve en réalité dans le camp des hommes politiques.