La question de la protection sociale constitue l'un des principaux soucis de certains experts en recrutement. Aspect insuffisamment étudié dans l'affaire des 30.000 emplois. Encore un indice attestant de l'obscurité qui enveloppe l'affaire des 22.000 emplois, rehaussés à 30.000, « grâce au talent dont a fait preuve l'agence nationale de promotion de l'emploi et des compétences», comme tient tant à le proclamer son directeur général, Chafik Rached. Il s'agit du refus exprimé explicitement par certains cabinets de recrutement privés, choisis par la société d'intermédiation émiratie Al Najat dans le but de participer à la sélection des candidats. « L'affaire ne nous a pas paru claire. Il lui manquait beaucoup de détails pour qu'elle soit complète dans le fond », déclare Jamal Belahrach, directeur général de Manpower, un cabinet de recrutement de la place. Les interrogations ne se limitent pas à ce niveau. Des experts dans le domaine de recrutement se posent la question de savoir si la précipitation dont a témoigné le gouvernement marocain dans le traitement de ce dossier n'atteste pas d'une volonté manifeste de se débarrasser de sa jeunesse en mal de trouver un emploi. D'autres s'inquiètent de savoir si la question de la protection sociale a été étudiée en profondeur. Chose dont semblent très peu se soucier les initiateurs de l'opération. Dénicher d'un seul coup du travail au profit de 30.000 jeunes Marocains pouvait certes constituer une aubaine, si l'ensemble des conditions était réuni. Seulement, quand il s'agit de travail à l'international, « l'expérience a souvent montré que des déboires ne tardent pas à se manifester, surtout sur le plan social », tient à souligner Jamal Belahrach. Selon Christian De Fontaine, directeur général du cabinet Général Intérim, « toutes les assurances ont été requises pour garantir une bonne fin à l'opération de sélection des candidats ». Reste à savoir lesquelles ? Son cabinet fait partie des trois agences choisies par Al Najat pour chapoter une partie de l'opération. Dans la pratique, les différents cabinets travaillent tous en étroite collaboration avec l'Anapec en contrepartie d'une somme qu'ils touchent en fonction du nombre de dossiers validé in-fine. Leur rôle est de vérifier, sur étude de dossiers, si l'ensemble des conditions exigées par Al Najat sont réunies. Après quoi, l'Anapec se charge de la validation des différents dossiers. Chose que le directeur général de l'Anapec a omis de souligner en assurant que son agence intervient sur l'ensemble des phases de la sélection.