Les réalisateurs TV sont en colère. La raison ? La commission chargée de la sélection des projets d'œuvres télévisées leur interdit d'entrer en concurrence avec les sociétés de production dans le cadre de l'appel d'offres lancé par la SNRT. Cette décision, dictée verbalement lors du pitch, est, aux yeux de la Chambre marocaine des réalisateurs TV, abusive et n'a pas de fondement juridique. «Quand on s'est référé au statut de la fonction publique et celui de l'artiste, il s'est avéré qu'il n'existe aucune disposition prohibant de postuler à cet appel d'offres», martèle Khalid Ibrahimi, président de ladite Chambre, en avançant que la commission n'a pas le droit d'agir ainsi du point de vue juridique. C'est pourquoi ces créateurs ne comptent pas rester les bras croisés. «Le président-directeur général de la SNRT a promis de négocier cette situation avec nous sauf qu'il a fini par se retirer», confie à ALM M. Ibrahimi en révélant que la Chambre envisage de recourir à toute instance susceptible de rendre justice aux réalisateurs TV quant à cette décision prise par l'administration qui traite ceux-ci, selon les dires du président de la Chambre, en tant que fonctionnaires. Et c'est ce statut que font valoir les responsables de la SNRT, selon une source de la société ayant requis l'anonymat. «Ces réalisateurs sont des fonctionnaires de la SNRT et reçoivent des indemnités mensuelles et trimestrielles. Alors si leurs œuvres sont admises dans le cadre de l'appel d'offres, ils seront doublement payés», explique notre source en précisant que les boîtes de production qui y postulent ont déjà leurs propres réalisateurs. «L'apport de la société consiste à mettre à la disposition de ces boîtes des techniciens et des cameramen entre autres et non des réalisateurs», détaille notre interlocuteur en prenant appui dans l'article 193 des cahiers de charges de l'audiovisuel qui ne prévoit pas d'imposer un réalisateur à ces sociétés de production. La solution ? «Nous pouvons recourir à la production en interne en prévoyant un quota de films que ces réalisateurs peuvent faire au profit de la SNRT en contrepartie de leur salaire», révèle la même source qui a quand même loué les compétences des réalisateurs TV en concluant que l'administration, sensible à la volonté de créer, «n'entreprend pas par là une tactique d'écart».