Vous êtes ici : Actualités / featured / Les professionnels de la TV évaluent la saison Les professionnels de l'audiovisuels se sont réuni mercredi 31 juillet dernier pour faire le point sur le travail d'un comité d'observation de l'offre télévisuelle du mois de Ramadan. C'est à la Chambre Marocaine des réalisateurs TV que l'ont doit cette initiative. Le comité composé de représentants de plusieurs domaines du monde de l'audiovisuel avait pour mission d'évaluer le travail accompli pour ce mois sacré. S'exprimant au nom de cette commission, Khalid Ibrahimi, réalisateur et président de la Chambre, estime qu'«un grand effort a été fait pour ce mois de Ramadan par toutes les chaînes nationales notamment Al Oula qui a réussi à présenter une grille de presque 90% de production marocaine ». Ceci ne l'a pas empêché d'émettre certaines critiques sur le rendu de certaines productions qui n'atteignent pas le niveau de la satisfaction des attentes du public marocain. Ismahan Ammour, grande figure du paysage audiovisuel marocain et membre de la commission a pour sa part émis des critiques précises sur certains aspects de l'écriture dramatique ou comique. Elle a d'ailleurs estimé que « cette manie de condenser toutes les nouvelles productions dans la grille du mois de ramadan ne sert pas forcément cette production. Au contraire ce choix peut entraver la visibilité de beaucoup de productions qui pourraient être étalées sur le reste de la saison».Elle a entre autre soulevé « l'image stéréotypée, voire négative, de la femme dans ces productions, qu'elles soient humoristiques ou dramatiques». Layyadi El Kharraz, réalisateur à la SNRT, a mis le doigt sur une question qui s'impose devant l'offre audiovisuelle du mois de Ramadan, « pourquoi autant de sitcoms ? Et par la même occasion pourquoi ce dictat du rire à tout prix, avant et après le ftour ? Sommes nous incapables de produire autre chose de plus consistant, surtout que nous ne maîtrisons pas le modèle de fonctionnement des sitcoms comme on peut les voire ailleurs» Les participants à cette rencontre ont tous été unanimes sur le problème de textes et d'écriture en ce sens que cette partie du processus de création n'a pas l'importance qu'elle mérite dans le processus de création. Ils ont également soulevé la question des limites de la critique TV au Maroc. Noureddine Raqib, nouveau directeur de la production au sein de la SNRT affirme que « on ne peut prétendre à une production de qualité en l'absence de critique. Ce qu'il faut c'est que la critique aille plus en profondeur et précise ses remarques pour pointer du doigt les choses critiquables pour pouvoir avancer ». Les professionnels ont tous émis leur mécontentement du dénigrement systématique qu'ils lisent dans la presse nationale sous forme de «critique» qui n'apporte rien à l'évolution de cette production nationale. Parmi les questions qui ont soulevé un débat passionné, les maisons de productions ont eu la part belle. En effet, tous les intervenants ne comprennent pas la récurrence de certaines firmes au détriment d'autres. La question de la transparence dans l'octroi budget de production a été aussi pointée du doigt, notamment après la controverse du cahier des charges entre le ministère de tutelle et le pôle national. En fait, la production n'a pu commencer qu'au mois de Mai dernier. Ceci n'a donné qu'un laps de temps relativement limité pour offrir au public une production qui réponde vraiment à ses attentes. Selon Mohamed Choubi, acteur de renommée, « il faut faire attention que la télévision est le médium qui représente le plus notre société en ce sens que c'est elle qui fédère le plus de public, et qui pourrait être l'instrument de la promotion de notre identité loin des stéréotypes réducteurs. Cette année nous avons beaucoup produit mais la qualité a-t-elle été prise en considération ? ». Mohamed Siraj-Daou, homme de télévision, a pour sa part estimé que « le problème de la production nationale ne réside ni dans les qualités humaines, ni dans les moyens techniques. Il y a une absence de vision sur ce que nous voulons faire de notre télévision nationale ! Nos budgets sont encore dérisoires en comparaison avec d'autres pays arabes. 73 % comme taux d'audience pendant le Ramadan est un bon chiffre mais est-ce un critère de qualité? ». La rencontre, qui a permis une séance d'autocritique parmi les professionnels s'est clôturée sur la nécessité de définir le rôle de la télévision dans la société, et d'établir une vision stratégique de l'évolution de ce médium qui demeure encore le plus fédérateur dans notre pays.