Quels sont les enjeux du futur Fonds d'aide à la production audiovisuelle ? Servira-t-il à «optimiser» cette production ? Pour Nabil Benabdallah, la création de ce fonds vise à améliorer la qualité de la production nationale. Quel sera l'objectif du Fonds d'aide à la production audiovisuelle ? Ce fonds est-il réellement destiné à augmenter le nombre de produits audiovisuels ? «L'enveloppe budgétaire qui alimentera ce fonds, 25 millions DH, ne suffira même pas à financer deux sitcoms», estiment certains producteurs. Mais voilà, ce n'est pas de quantité qu'il serait question, selon le ministre de la Communication, Nabil Benabdallah. «Par la création de ce fonds, nous voulons plutôt améliorer la qualité de cette production», a-t-il affirmé dans une déclaration à ALM, à l'issue d'une réunion mardi à Rabat consacrée à l'examen des aspects juridiques relatifs à ce fonds. En affirmant que son département a élaboré une plate-forme juridique préliminaire dans l'attente de réunir les meilleures conditions pour l'institutionnalisation du fonds à l'horizon 2008, le ministre a précisé que «la production nationale se fait déjà avec énormément d'argent». Cette précision intervient alors que des voix s'élèvent pour dire que l'engagement financier pris par le ministère de tutelle (10 millions DH), ajouté à celui du pôle audiovisuel public (SNRT et Soread 2M), ainsi que d'autres partenaires, dont le budget atteindra 15 millions DH au cours de cette année, ne répond pas aux attentes des professionnels. Pour certains, la somme concédée par le ministère de la Communication serait très insuffisante. «La sitcom «Lalla Fatéma» aurait nécessité à elle seule une enveloppe de l'ordre de 8 millions de dirhams», argumente un observateur. «Contrairement à ce que certains pensent, le fonds a pour objet la promotion et l'amélioration de la qualité de la production audiovisuelle», explique le ministre. Plus clairement, il s'agit de tirer vers le haut une production de plus en plus contestée par les téléspectateurs. Pour s'en rendre compte, il suffit de penser aux grilles du mois du Ramadan, que certains qualifient de «véritable injure à l'intelligence des Marocains». Pour le reste, c'est du pareil au même. D'où l'idée de créer le fonds. Selon le ministère de la Communication, le soutien concernerait la fiction (le téléfilm, la série, le feuilleton, la sitcom, le documentaire, ainsi que le vidéo-clip, l'écriture de scenarii, l'adaptation, le doublage, le sous-titrage, la retransmission radio-télévisée de pièces de théâtre, le caméscopage, le transfert des productions sur support numérique… S'agissant maintenant des critères de sélection des œuvres de création, une commission nationale devra être créée pour départager les candidats. En ce qui concerne la composition de cette commission, elle sera constituée des différents professionnels du secteur. Elle comptera parmi ses rangs des représentants du ministère de la Communication, de la SNRT, de la société Soread 2M, du Centre cinématographique marocain (CCM), sans oublier d'autres organismes syndicaux ou associatifs tels que la Coalition marocaine pour l'art et la culture. Autre question soulevée lors de la réunion de mardi dernier, le projet d'élaboration de la charte de la production nationale et la convention collective qui régit les rapports entre les producteurs et les collaborateurs dans le domaine de la créativité. Par ce travail, il s'agit de définir des principes clairs pour l'exercice de la production audiovisuelle. Il y va d'une profession qui a beaucoup pâti de l'anarchie.