ALM : Qu'est-ce qui vous a inspiré le thème de votre film «Margelle»? Omar Mouldouria : Je voulais à travers mon court-métrage traiter les peurs infantiles. «Margelle» raconte l'histoire de Karim, âgé de sept ans et issu d'une famille modeste. Comme tous les enfants de son âge, il a peur d'Aïcha Kandicha. Karim veut ainsi grandir très vite et devenir un homme pour pouvoir se débarrasser de cette peur infantile. Cela se manifeste lorsque son père lui impose de choisir entre sa mère et lui pour l'accompagner au hammam. Karim devait prendre la grande décision de laisser le monde des femmes et rejoindre celui des hommes. Et c'est là que les problèmes commencent… Avez-vous voulu évoquer votre enfance à travers ce film ? Pas forcément. Lorsque nous nous mettons à écrire et donnons libre cours à notre imagination, nous ne savons pas si nos idées viennent de nos souvenirs d'enfance, de nos fantasmes ou d'ailleurs. Comme cette scène de hammam que presque tous les petits garçons au Maghreb arabe, en particulier au Maroc, ont vécue et ont dû faire le premier et plus important choix de leur vie d'aller au bain maure des hommes au lieu des femmes. Vous venez de dire que vous rendez hommage à travers ce film à Boujaâd. Comment cela ? Boujaâd est la ville natale de mes parents et presque de tous les autres membres de ma famille. J'ai eu l'habitude d'y passer mes vacances d'été. Boujaâd m'a toujours fasciné, j'ai essayé au fur et à mesure d'y apprendre beaucoup de choses comme les histoires racontées sur la fondation de la ville, il y a plus de cinq siècles, par le saint Sidi Bouabid Charki. Je ne sais pas s'il s'agit d'un mythe ou d'une réalité, mais Boujaâd peut servir de décor de film pour traiter ce genre de sujets historiques et mythiques. Comment avez-vous découvert le petit enfant qui interprète le personnage principal de Karim dans «Margelle» ? La découverte d'Oussama Bahouane pour jouer ce rôle fait partie des miracles du tournage. Nous l'avons choisi, à Boujaâd, parmi les 150 et 200 enfants dont nous avons passé le casting. Il s'est transformé, en une quinzaine de jours de tournage, de l'acteur purement amateur à un acteur professionnel. Pouvez-vous nous parler de vos débuts comme jeune cinéaste ? J'ai fait jusqu'à présent trois courts-métrages. Sans compter «Moratorium», mon film de fin d'études et ceux réalisés avec mes élèves aux centres du cinéma en France et l'Ecole supérieure des arts visuels (ESAV) à Marrakech. J'ai réalisé, en 2006, «Vois-moi» (Choufni) avec Saâdia Ladib et Mohamed Khouyi. Mon premier court-métrage a été suivi la même année par «Messaoud» avec Hatim Sadiki, Jamal Laababsi et Leila Fadili et en 2012 par «Margelle» avec Touria Alaoui, Hatim Sadiki, Oussama Bahouane, Hamza Alkaoui et Aziz Hattab. Avez-vous un projet de film ? J'ai un projet de long-métrage, «L'insoumis», dont le scénario a obtenu des prix de l'écriture. Je n'ai pas encore les moyens pour financer cet ambitieux projet nécessitant un gros budget. Je suis maintenant en pleine écriture du scénario d'un court métrage, auquel j'ai donné le titre provisoire de «Nouria». Mais il n'empêche que j'ai hâte de passer au long-métrage, car mes deux premiers films durent entre 6 et 9 minutes, alors que «Margelle» est de 29 minutes.