Dans une ambiance spirituelle, la cité impériale accueille Ramadan. Chez les Meknassis, ce mois sacré est marqué non seulement par le jeûne et la prière, mais aussi par un moment de convivialité. Pendant la journée, les ménagères connues par leur savoir-faire s'efforcent de présenter la meilleure des recettes. Une collection pour décorer merveilleusement la table ramadanesque. Elles sont de véritables passionnées des recettes typiques de l'ancienne cuisine marocaine, des recettes qui ne sont presque plus utilisées de nos jours, telles que khlikha, la viande séchée ou l'omelette à la cervelle. Parfois, le nom de ces recettes ou leurs ingrédients leur échappent, mais elles se souviennent de leur goût ou de leurs odeurs souvent liées à des fêtes et aux moments de convivialité comme le Ramadan. Durant ce mois, le marché de la région appelé «lâadil» connaît une activité juteuse. Les marchandages vont bon train, histoire de s'assurer les meilleurs prix. On se procure les besoins en denrées alimentaires, à savoir, principalement, des légumes, dattes et fruits secs, un ensemble de cargaisons permettant de confectionner de succulents petits gâteaux pour Ramadan et l'Aid El Fitr. Chez les commerçants de Meknès, Ramadan arrive avec son lot de spéculation. Néanmoins, les habitants doivent parvenir à satisfaire les caprices des familles et gâter les invités. Chaque soir, le repas de l'Iftar est un prétexte pour partager les délicieux plats, mais aussi ses longues veillées. A l'appel du Muezzin, la table est déjà servie, bien avant de prendre le temps de goûter un peu de tout, une datte et un jus d'orange, de pommes ou de bananes sont suffisants pour rompre le jeûne. Chez les Meknassis, le café est indispensable pendant le f'tour tout aussi que la riche et savoureuse harira, les chebbakias et le sellou qui restent les délices types du Ramadan. Parmi les spécialités des femmes de cette région, les r'ghayefs farcis avec du khliâa ou de la viande. Les cordons-bleus ont toujours tenu à porter haut les couleurs de la longue tradition marocaine et sont connus pour garder jalousement les traditions des six grandes dynasties qui ont régné sur le Maroc depuis le VIII ème siècle. Après la rupture du jeûne, au cœur de cette ville impériale, l'ambiance de fête règne dans les âmes, les fidèles se rendent aux mosquées pour la prière d'Al Ichaa et les taraouihs. Ramadan est un mois de vertu pour tous les croyants. De père en fils, les habitants de cette région ne manquent pas à leurs engagements religieux. Une fois la prière achevée, les habitants déambulent dans les ruelles de la médina. Après une longue journée, il est question de détente à présent. Les grands jardins de cette ville ne désemplissent pas d'enfants, d'hommes et de femmes. Et comme chaque Ramadan, des soirées de musique andalouse, du malhoune et du «dhikr» sont organisées au plaisir de tous. Meknès mérite pleinement son titre de cité impériale c'est «le Versailles marocain». Au cours de la Nuit du destin «Laylat alkadr» même les petits jeûnent. Les mères emmènent leurs fillettes jeûnant pour la première fois chez la «neggafa». Habillées des tenues traditionnelles, elles mettent du henné pour célébrer la nuit sacrée et ce jour sacré. Ramadan et toute autre célébration religieuse permettent à Meknès d'ouvrir une fenêtre sur le patrimoine et l'histoire du Maroc.