La nuit de la 27ème journée du mois de Ramadan n'est pas synonyme pour tous de veillée religieuse. Certains attendent l'arrivée de cette nuit spécialement pour générer de petits profits, en l'occurrence les photographes et les Neggafates. C'est l'alerte chez les photographes durant cette nuit sacrée du 27ème jour du Ramadan ! Un engouement des gens qui rappelle que l'Aïd Al-Fitr est dans quelques jours seulement. À Derb Soltan, à Casablanca, une ambiance de fête règne dans les locaux soigneusement décorés de certains photographes. L'arrivée en masse de jeunes filles en caftans, venues célébrer leurs premières journées de jeûne, y ajoute vraiment une atmosphère de festivités. Associés à des Neggafates, les photographes proposent une panoplie de services à des prix variables. « Le prix oscille entre 20 et 50 dirhams. Il est fixé en fonction des habits ainsi que des accessoires que nous prêtons pour se prendre en photo. Il faut ajouter également 10 autres dirhams pour une séance de henné», note cette jeune fille profitant apparemment de cette occasion pour apprendre le B-A.BA du métier de Neggafa. À Bouchentouf, la queue se fait longue chez cette Neggafa qui a squatté une partie de la chaussée pour y dresser son attirail. «Ammaria», henné, pétales de fleurs, pain de sucre, dattes…les fillettes sont traitées en mariées, d'autant plus que la sono est à fond, laissant ainsi la voix rauque d'un célèbre chanteur chaâbi envahir tout le quartier. Les passants de cette ruelle ont eu certes l'occasion de revisiter le répertoire de la chanson chaâbi marocaine. Ici, le service semble être des plus complets. Mais, il n'y a pas que des fillettes qui ont fait le déplacement, des garçons attendent également leur tour pour se photographier. «Les gens pensent que ce genre de cérémonie est réservé uniquement aux filles. Mais, j'ai tenu à emmener mon garçon âgé de cinq ans pour immortaliser ce moment magique. C'est quand même sa première journée de jeûne !», raconte cette jeune mère fière de «l'exploit» que vient d'accomplir son fils. À quelques encablures de ce quartier, une vingtaine d'enfants s'agitent devant un stand décoré en rubans blanc et rose. Vêtus en djellaba ou en Jabadour, ils fêtent cette nuit sacrée chacun à sa manière. Avant d'être accueilli avec les you-you, les filles passent dans un garage aménagé pour la circonstance. « C'est là-bas où l'on prépare les enfants pour cette séance de photographie. Dans ce garage, on fait le henné, on maquille et l'on habille les fillettes », explique ce vieux photographe qui ne donne pas de reçu pour les familles tellement il est connu dans le quartier. La même ambiance règne dans bien d'autres coins et recoins de la métropole. Cela montre que la nuit de la 27ème journée du mois de Ramadan n'est pas synonyme pour tous de veillée religieuse. Les plus fervents des fidèles ont dû passer en fait cette sacrée «Laylat Al-Kadr» dans les mosquées implorant Dieu, Son pardon et Sa clémence.