Casablanca La couleur s'annonce déjà dans la métropole et dans toutes les villes du Royaume. Dans moins de quinze jours, l'observation du croissant lunaire annonçant le début du mois sacré du Ramadan sera confirmée. Cette année, le mois sacré intervient en pleine chaleur, d'où l'angoisse de la soif et des journées longues de la saison. Pourtant cette inquiétude ne prend pas une large place dans les pensées des marocains, car les préparatifs ont déjà commencé. En passant par les ruelles de la Médina et dans le souk, un constat est évident. Les odeurs de farine dorée, du miel, de la friture particulière du Chebakia et briouate arrosent le voisinage. Des denrées consommées massivement en ce mois sacré. Les commerçants commencent déjà à exposer leurs marchandises avec une décoration spéciale pour accueillir les clients. Les dattes, les amandes, les fruits secs, les épices, les grains de sésame et les pistaches entre autres meublent les étalages. Selon Hassan un commerçant de dattes et de fruits secs, «il n'y a pas une grande différence entre cette année et l'année précédente. En ce qui concerne les prix, en réalité il y' a des hauts et des bas. Pour les amandes, par exemple, produit très demandé en cette période, les prix restent toujours chers et varient entre 90 et 100 DH. Le marché propose une grande variété de produits et les prix restent plus au moins à la portée de toutes les bourses ». Qui dit Ramadan dit augmentation des dépenses avant et au cours de ce mois. Entre les dédales du souk El Bernoussi vers 17h, on remarque des petits métiers qui fleurissent. Devant les pâtisseries et les boulangeries, des femmes sont assises devant des étalages de baghrir et mlawi préparés à l'avance surtout pour les ménagères qui ne disposent pas de temps. Dans les environs, le fameux commerçant du Jben traditionnel, qu'on ne voit arriver qu'en ce mois. Des femmes vêtues de djellaba se promènent à la recherche des produits pour ce mois. Elles choisissent surtout les ingrédients qui serviront à concocter les recettes inséparables du Ramadan, notamment le Sfouf, qui se considère comme un aliment de résistance après le shour. Iman, 34 ans, femme de foyer confie: « Je me prépare ces jours-ci pour accueillir le mois sacré. Je viens donc au souk pour acheter tous les ingrédients qui manquent afin de préparer la «Chebakia», les «lbriouates» et « salou ». Cela me revient moins cher et le choix est bien varié pour une meilleure qualité ». Les spécialités gastronomiques du mois béni ne diffèrent pas beaucoup concernant l'équilibre au niveau alimentaire qui doit être bien respectée. La coïncidence du mois du Ramadan avec la période estivale est caractérisée par de longues journées qu'il faut remplir avec toutes sortes d'activités : sport, pêche ou lecture. Mais en général, les gens préfèrent sortir la nuit pour profiter de la fraîcheur et se balader entre les centres commerciaux et magasins, passer de bonnes soirées dans les restaurants ou bien en famille. Par-delà l'abstinence, le Ramadan est un mois de rapprochement et de recueillement marqué par cette grande ferveur religieuse qui caractérise tout marocain. ****** Fès goûte déjà aux saveurs ramadanesques ! Ce n'est ni pour demain ni pour le début de la semaine prochaine. Pourtant, Fès a déjà replongé dans l'ambiance conviviale et festive du mois sacré de Ramadan. Toute la ville reprend ses vieilles habitudes, enfile ses habits de tradition et de spiritualité. A R'cif ou encore à Bab Sensla, place aux animations des grands jours ! Le spectacle fait penser à l'effervescence des petites heures qui précèdent la rupture du jeûne. Tout le monde se bouscule pour s'offrir du chebakia ou s'approvisionner en briouate, khliâ et épices. Les senteurs se dégagent de tous les coins et les commerçants se frottent les mains. Ici, tout le monde a changé de métier pour s'improviser "maître pâtissier". En plus de la demande locale, une bonne partie de la production est acheminée à Casablanca. Là où réside une importante communauté de fassis, restés très attachés aux produits du "terroir". De l'aveu même de plusieurs commerçants, les ventes de Ramadan représentent plus de la moitié du chiffre d'affaires de l'année. De quoi aiguiser l'appétit de tous les véreux ! Si le Ramadan a toujours été synonyme de spiritualité, de solidarité, d'entraide et de convivialité, il est devenu ces derniers temps une aubaine pour tous ceux qui veulent s'enrichir, et plus vite, sur le dos des citoyens. Pas seulement les marchands de gâteaux qui se mettent à l'heure de Ramadan. A souk blaghi (babouches), on scrute aussi le ciel car la demande est très forte sur les produits de l'artisanat, et les gens du métier qui se tournent le pouce en ces temps de vache maigre, font des bonnes affaires durant ce mois. Côté spirituel, les lieux de culte sont lavés à grande eau, car les dix derniers jours du mois de chaâbane connaissent une forte affluence sur les mosquées pour la lecture collective du Coran, avant les grands rassemblements des fidèles pour les prières de taraouih. La ville nouvelle n'échappe pas à la règle. Des files d'attente commencent à se former devant quelques pâtisseries qui engrangent les commandes sur toutes les friandises et autres délices de l'occasion. Car tout le monde veut être au rendez-vous le jour "J", quitte à en payer le prix fort. Les grandes surfaces rivalisent, elles aussi, d'ingéniosité pour attirer le maximum de clients, en multipliant les promotions et les soldes sur les produits de large de consommation. Là aussi, il y en a pour tous les goûts et toutes les bourses. Face à la hausse de la demande, les autorités rassurent sur l'état du marché et sur la stabilité des prix, en promettant de sévir contre toute spéculation, devenue monnaie courante durant ce mois. Pas de soucis à se faire donc ni pour le gaz, ni pour l'huile ou le sucre : Tous les produits seront disponibles en quantité suffisante et l'offre sera même largement supérieure à la demande pour plusieurs denrées.bLes prix sont même à la baisse pour certains produits, comme l'huile de table, pour le grand bonheur des ménages qui en redemandent ! La commission ad-hoc mise sur pied par la wilaya a également décidé d'accentuer le contrôle d'hygiène pour préserver la santé des citoyens et assurer la qualité des produits mis sur le marché. Seule hantise : La météo. Après la canicule de ces derniers jours, on s'attend hélas à de journées longues et très chaudes.Avec un mercure qui frôle parfois les 50 degrés, les habitants de Fès prient pour avoir toutes les forces d'accomplir le mois de jeûne.