Le grand parti de la gauche. C'est ainsi que les militants de l'Union socialiste des forces populaires aiment voir désigner leur parti. Depuis sa sortie douloureuse du giron de l'UNFP, l'Union nationale des forces populaires, elle-même, fruit d'une scission au sein du parti de l'Istiqlal, l'USFP a été associé aux étapes cruciales de l'histoire poste-indépendance de notre pays. Le porte-étendard de l'«potion démocratique» est né pendant une phase sombre de l'histoire du Maroc qui venait de sortir, à l'époque, de deux tentatives de coup d'Etat. C'était en 1972 que le trio Abderrahim Bouabid, Omar Bejelloun et Mohamed Elyazghi, soutenus par un groupe de militants décident de claquer la porte de l'UNFP à cause d'un grand différend avec la commission administrative de l'Union. Les débats portaient alors essentiellement sur l' «Assemblée constituante» et son mode d'élection. Une année plus tard, en 1973, deux figures de proue des scissionnistes, M. Elyazghi et O. Bejelloun, sont victime de colis piégés. Ce n'est qu'en 1975 que se tient le premier congrès extraordinaire ayant conduit à la fondation de l'USFP. Et c'était sans grand surprise que A. Bouabid fut porté à la tête de la nouvelle formation comme premier secrétaire. La même année, O. Bejelloun fut assassiné à Casablanca. En 1981, les dirigeants du parti sont arrêtés et les locaux de l'USFP fermés suite à la grève du 20 juin déclanchée en réaction à une forte augmentation des prix des produits de première nécessité qui a dégénéré en émeutes. Les événements de 1981 ont marqué un tournant dans l'histoire du parti. Cette année marque en effet l'apogée du bras de fer entre le parti et le pouvoir mais aussi des prémisses d'une scission au sein de la formation. Après l'épisode des émeutes de Casablanca, l'arrestation des dirigeants du parti, le siège de ses locaux et l'interdiction de ses journaux, l'USFP récidive en septembre de la même année en publiant un communiqué dans lequel il rejette l'acceptation par le Maroc de l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara. Deux années plus tard, le revirement. Abderrahim Bouabid et Abdelouahed Radi participent au gouvernement de coalition de 1983. Un acte qui a conduit à la création de l' « USFP Comité administratif » qui se muera plus tard en le parti de l'Avant-garde socialiste et démocratique (PADS). L'USFP qui se réclame des idées de la gauche, principalement sur les points de la justice sociale, et du combat contre les inégalités dit incarner le prolongement de l'aile progressiste au sein du mouvement national. Le parti dit aujourd'hui représenter la sociale-démocratie en vogue dans le monde occidental après que le « socialisme pur » ait perdu des adeptes. Le parti entre au gouvernement en 1998 suite à une série de tractations qui ont duré depuis 1993. Ce virage idéologique et son entrée au gouvernement lui ont valu des désaccords internes et de nouvelles dissidences. Ainsi, depuis son 6ème congrès, tenu en 2001, l'USFP s'est délesté de son aile syndicale, incarnée par Noubir Amaoui éternel dirigeant de la CDT qui est allé fonder un nouveau parti, le Congrès national ittihadi (CNI). L'USFP a perdu dans la même foulée des jeunes intellectuels conduits par Mohamed Sassi et Najib Akesbi, et les dirigeants de la Chabiba notamment Mohamed Hafid qui ont lancé une association «Fidélité à la démocratie» qui a formé l'ossature d'une nouvelle formation de gauche. Avec le départ définitif de Abderrahmane Youssoufi, successeur de Abderrahim Bouabid, décédé en 1992, et chef du premier gouvernement d'alternance en 1998, l'USFP a accompli sa mue. Ce changement va être consacré au cours du 7ème congrès, tenu en juin 2005, en portant Mohamed Elyazghi au poste du premier secrétaire. Le parti qui participe pour un deuxième mandat au gouvernement dispose de 52 députés, préside le Parlement en la personne de Abdelouahed Radi, et 22 conseillers. Il a créé l'événement en janvier de l'année dernière en intégrant en son sein le PSD, lui-même fruit d'une scission au sein de l'OADP. Aujourd'hui, l'USFP veut montrer de lui l'image d'un parti moderne, serein, uni, aussi consensuel que possible et surtout ouvert sur toutes les couches de la société marocaine. L'opération d'ouverture enclenchée en cette année électorale en est la preuve. Elle a injecté du sang nouveau dans les veines de la formation, mais n'a pas manqué, au moment de l'élaboration des listes de candidatures, de susciter une certaine frustration chez des militants de longue date qui n'ont pu être cautionnés par le parti.