Au passage du Trophée des Gazelles dans la région d'Erfoud, des enfants de condition défavorisée s'alignent sur le parcours. Un cri de cœur. Reportage. Tazoulait, un petit bourg, à quelques kilomètres de la commune rurale d'Ihandar, dans la région d'Erfoud. Les participantes et participants du trophée des Gazelles arrivent. Au passage, des enfants, pieds nus sur le sol rocailleux et rude du désert, vêtus de haillons, les dents jaunies par une mauvaise hygiène alimentaire sur laquelle se greffent de nombreuses carences. Certainement l'effet aussi d'une eau des puits avoisinants non traitée et, de toutes les manières, rare. Ils tendent leurs petites mains déjà rugueuses et sèches en quémandant des stylos le plus souvent, de la nourriture, des friandises ou encore des sous. Face à leurs visiteurs pressés par le temps, ils lancent d'une voix tremblante, «Monsieur, donne-moi un stylo!», ou alors «donne-moi des bonbons, quelque chose…». Un cri du cœur au passage, de détresse mêlé d'espoir qui donne des leçons d'humanité sans pareil au quotidien. Image désolante d'un monde parallèle trop longtemps laissé pour compte, image d'enfants, à l'œil vif, pourtant plein de bonheur malgré des conditions de vie en dessous du seuil de la tolérance. Des images que les participantes et les participants, au Trophée des Gazelles 2002 qui se déroulent depuis le 28 mars et jusqu'au 4 avril dans le somptueux désert marocain ou encore du rallye Paris-Dakar ou autres manifestations, rencontrent. Ils sont là, ces enfants, à tous ces rendez-vous annuels, qui s'emparent de ces lieux pour un moment ponctuel et fugace, à la manière de ces étoiles filantes dans le ciel, qui l'espace d'un instant furtif emplit le cœur d'une sorte d'espoir que l'on devine utopique… C'est sur le parcours quotidien des véhicules tout terrain des participants, venus dans ces contrées éloignées en quête d'extrême et d'ailleurs, que ces enfants du désert habitent, dans les bourgs que le parcours de l'événement traverse. Et si les enfants innocents et impressionnés s'extasient malgré les conditions de vie défavorisées, les adultes quant à eux, se comportent autrement. Dans ce village de 200 habitants, à 80 km d'Erfoud, l'un des instituteurs est plutôt méfiant face aux questions de la presse et donne des réponses prudentes et au compte-gouttes, il refuse même de passer devant la caméra de la télévision. Ici l'électricité pour tout le village est fournie par un groupe électrogène. Quant à l'eau, elle vient tout juste d'arriver mais de manière incomplète, puisqu'elle n'est pas dans les toutes maisons, il faut aller à la source à la sortie du village pour s'en approvisionner. Par rapport à ce problème, l'instituteur souligne : «S'ils veulent vraiment nous rendre service en installant l'eau alors il faut qu'ils alimentent les maisons ou l'école au moins, mais pour ça il faut qu'il y ait une conscience du problème et une conscience tout court. Nous continuons d'utiliser l'eau du puits qui contient trop de minéraux.». Pour ce qui est des avantages il n'y en a pas, déplore-t-il. S'ils veulent mettre en place des actions humanitaires, il faudrait que cela se fasse au début de l'année scolaire pour aider les enfants à se procurer les fournitures scolaires, ajoute-t-il. En attendant, les petites mains continuent de se tendre en quémandant, en espérant ou tout simplement en souriant tout en souhaitant bonne route aux visiteurs…