Les forces gouvernementales FAA et les rebelles de l'UNITA ont finalement signé samedi à Luena, dans l'Est du pays, un accord de «cessation des hostilités», ouvrant ainsi la voie à la paix après 25 ans de guerre civile. Les deux parties « s'engagent à cesser les hostilités afin de restaurer la paix sur tout le territoire angolais ». C'est en ces termes que le document signé par les deux forces armées, l'une gouvernementale – les FAA -, et l'autre rebelle – l'UNITA -, entend mettre fin à l'impasse du conflit qui les oppose depuis 1975. L'accord a été officiellement adopté samedi par le général Geraldo Nunda, numéro deux des Forces Armées Angolaises, et le commandant en chef de l'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola, Geraldo Ukwachitembo Abreu, surnommé « Kamorteiro », au quartier-général des FAA à Luena, province de Moxico. Parrainé par le représentant des Nations-Unies en Angola, le Mozambicain Jeichande Mussagy, il s'est déroulé sous les auspices des Etats-Unis, du Portugal (ancienne puissance coloniale en Angola) et de la Russie. Ces trois pays avaient déjà été chargés de superviser le protocole de paix de Lusaka, signé en 1994, que les parties angolaises avaient violé dès 1998, déclenchant alors une nouvelle guerre civile. Ce premier accord prévoyait l'entrée au gouvernement et à l'Assemblée nationale de membres de l'UNITA mais le mouvement indépendantiste s'est ensuite divisé en deux factions, politique et armée. Celui de Luena prévoit quant à lui, outre l'accord de cessez-le-feu, les modalités du désarmement des combattants rebelles, celles de leur cantonnement en différents points du pays, ainsi que de leur intégration au sein des FAA. Cette signature intervient deux jours après un appel du Conseil de sécurité de l'ONU aux belligérants pour qu'ils remettent sur les rails le processus entamé huit années plus tôt, à Lusaka. Le Conseil avait appelé jeudi l'UNITA à saisir cette chance de paix et avait demandé au gouvernement de Luanda de s'engager à démocratiser la vie politique. Les belligérants avaient décidé de se réunir à Luena le 18 mars dernier, trois jours après avoir signé un accord de trêve et environ un mois après la mort du chef historique de la rebellion. Jonas Savimbi était tombé dans une embuscade le 22 février dernier sur les hauts plateaux du Centre-Est du pays. Sa mort a alors précipité la relance des discussions, auxquelles ont participé de nombreux responsables rebelles. Même absent de Luena, Paulo Lukamba, dit «Gato», le numéro 3 de l'UNITA (détenu «quelque part dans la forêt» depuis janvier par l'armée angolaise) a déclaré que «le processus de paix était irréversible » en Angola. L'accord de Luena doit à présent être officiellement signé à Luanda dans une semaine, en présence des dirigeants du pays et de l'UNITA. Il devrait mettre un terme à plus de vingt-cinq années de guerre qui, si elles ont coûté la vie à plus d'un million d'Angolais et ravagé le pays entier, ont fini par prouver leur inutilité.