ALM. Parlez-nous de vos débuts au théâtre et comment avez-vous embrassé le métier de comédien ? Mohamed Ben Brahim. : J'ai commencé à pratiquer le théâtre avec le groupe des amateurs en 1964. Et c'est en 1970 que j'ai eu l'occasion de débuter ma carrière artistique avec Abdelkader Al Badaoui. Après cette étape transitoire, j'ai constitué ma propre troupe de théâtre «Massrah El Basma» avec laquelle j'ai joué plusieurs pièces. Le théâtre m'a beaucoup aidé à évoluer dans ma carrière. Il ne faut pas oublier qu'en cette période, il n'y avait pas d'aide financière, on n'avait que l'amour de notre public. Mais, en 1975 j'ai commencé à pratiquer le comique avec des trios, puis duo en compagnie de Mustapha Dassoukine. Mais, comment j'étais impressionné par cet art, c'est une autre histoire que je ne peux jamais oublier (rire). Je suis natif de Derb Soltane, j'ai été un enfant plus que turbulent, comme on dit chez-nous. Je me rappelle qu'il m'arrivait souvent de déchirer des affiches de pièces de théâtre collées sur les murs par les comédiens de l'époque en l'occurrence Abdelkader El Badaoui, Abdelâdim Chennaoui… Un jour en voulant refaire la même gaffe, je fus surpris par un comédien qui m'attrapa par le col de ma chemise et m'emmena recevoir une fessée. Et depuis j'ai cessé d'agir de la sorte. Je me rappelle que j'avais eu le courage de frapper à la porte de la maison où répétaient ces artistes. En ouvrant la porte, on a voulu me frapper croyant que j'étais encore venu accomplir mon acte enfantin. Je me suis hâté, de peur d'être corrigé à nouveau, de préciser que je voulais uniquement assister aux répétitions qui m'ont fasciné. Et depuis, j'ai voulu coûte que coûte devenir un grand artiste. Quoi de neuf chez Ben Brahim ? J'ai participé récemment au tournage d'un film intitulé «Casa Negra». Ce film parle de Casablanca pendant la nuit, sur lequel j'attends les réactions du public. Puis, j'ai joué dans un autre film «Les trois frères», le rôle d'un père de famille. Ce film raconte la vie de tous les jours. Au niveau des activités théâtrales, je n'ai participé à aucune œuvre. Parlez-nous de l'ambiance du Ramadan? Pendant le mois sacré, je consacre plus de temps aux pratiques religieuses. Pour mes repas, j'essaie de prendre le shor le plus tard possible jusqu'à 4h, 4h30 du matin. Je prends mes trois repas ftour, dîner et shor. Je fais aussi un peu de marche. Je regarde trop la télévision pendant le mois sacré du Ramadan, pour voir les nouveautés de la scène marocaine. Je pense que les choses se sont améliorées cette année. Comment voyez-vous l'univers de la comédie au Maroc ? En réalité dès qu'il y a un problème, on s'adresse au comédien ou à l'acteur qui n'est en réalité pas le responsable. Il y a des problèmes au niveau des producteurs, accessoiristes, opérateurs, etc. L'artiste est la personne qui souffre le plus dans ce domaine. Il n'y a pas d'organisation, on souffre encore de l'anarchie et de la corruption. On voit toujours les mêmes personnes qui travaillent dans la même période et il y a des artistes qui sont marginalisés malgré le poids qu'ils représentent sur la scène artistique. Il faut multiplier les efforts pour pouvoir dépasser ces problèmes. Vous êtes père de famille. Désirez-vous que vos enfants poursuivent le même chemin que vous ? Sincèrement, je ne veux pas que mes enfants refassent la même gaffe que moi, pour ne pas subir les problèmes que j'ai rencontrés dans ce domaine. Mais, si quelqu'un d'entre eux veut pratiquer ce métier, c'est à lui de subir les conséquences et je ne peux exercer sur lui aucune pression. Parce qu'en réalité, moi aussi, j'ai choisi ce métier par amour et de manière autonome, personne ne m'a poussé ou obligé à le faire. Gardez-vous l'esprit du comédien dans la vie de tous les jours ou pas ? Comme vous le savez, je suis un père de famille et je dois être sérieux avec mes enfants pour leur donner une bonne éducation. Mais cela n'empêche, un peu de comédie de temps à autre afin d'équilibrer entre la sévérité et l'amour. Tout le monde vous connaît sous le nom de Ben Brahim. Est-ce que c'est votre vrai nom ? Mon père s'appelait Brahim et c'est pour cela que le nom de Ben Brahim m'a été collé. En réalité, je m'appelle Hab Erramane Mohamed Ben Brahim. Un dernier mot pour votre public. Je profite de cette occasion pour remercier Sa Majesté le Roi Mohammed VI pour sa générosité, et pour l'aide qu'il m'a accordée quand j'étais malade SM le Roi a pris en charge tous les frais de mon hospitalisation, et que Dieu le protége. Notre Roi a toujours été aux côtés des artistes, et de ses citoyens de manière générale.