Vendredi. Les chars réinvestissent les rues de Ramallah. L'armée israélienne occupe et tire sur le quartier général de Yasser Arafat. La région s'embrase. Le monde entier observe. Les USA s'opposent à la réunion du conseil de sécurité. Présentée comme une « riposte » à l'attentat de Netanya, qui a fait une vingtaine de morts mercredi, l'offensive israélienne contre Ramallah (Cisjordanie) a été précédée d'une dernière déclaration : « Yasser Arafat est un ennemi qu'il faut isoler ». L'objectif annoncé par Ariel Sharon est donc de « détruire l'infrastructure terroriste » des Palestiniens et d'« isoler totalement » Arafat. Vendredi, dès l'aube, les chars israéliens ont donc pénétré dans les rues de la ville autonome, située à 15 km au Nord de Jérusalem. Estimés à une centaine, ils ont progressivement pris le contrôle de toute la ville en partie désertée. L'armée a ensuite percé le mur qui entourait le quartier présidentiel de Yasser Arafat, et pris possession de deux bâtiments. Des tirs d'obus de chars ont ensuite touché le bureau de Yasser Arafat – sain et sauf -, en début d'après-midi, peu de temps après que des tirs de mitrailleuses lourdes aient été entendus. Les violents combats déclenchés par l'entrée des chars ont aussi fait cinq morts et 26 blessés palestiniens. Un officier israélien a également été tué et quatre autres blessés. Concentrées sur la ville de Ramallah, les violences se sont aussi déroulées dans la bande de Ghazza où un Palestinien a poignardé à mort deux colons israéliens près de la colonie de Netzarim. L'auteur de l'attaque, revendiquée par le Djihad islamique, a été abattu par l'armée israélienne. La police de l'Etat hébreu est aussi intervenue à coups de grenades paralysantes pour disperser des Palestiniens qui lançaient des pierres sur l'esplanade des Mosquées à Al-Qods. La police est entrée sur la place, entraînant de nombreux incidents. Isolé dans ses bureaux avec un certain nombre de hauts responsables palestiniens, dont son conseiller Nabil Abou Roudeina, Yasser Arafat a lancé sur la télévision d'Etat égyptienne, un appel à la mobilisation internationale contre l'opération israélienne, repris dans un communiqué de la direction palestinienne. Il a exhorté « les dirigeants arabes à se mobiliser au niveau international, conjointement avec les dirigeants du monde, pour mettre fin au terrorisme pratiqué par Sharon ». Les dirigeants de l'Autorité ont aussi appelé « les fils du peuple palestinien à resserrer et organiser leurs rangs pour faire face aux forces de l'occupation et l'invasion par tous les moyens et avec une volonté sans faille ». Les forces nationales et islamiques, une coalition de treize factions palestiniennes, ont pour leur part décidé vendredi de « s'unir pour défendre le peuple palestinien dans la bande de Ghazza et en Cisjordanie », selon un haut responsable du Hamas. Un autre dirigeant du mouvement, Abdelaziz Al-Rantissi a aussi affirmé que l'Etat hébreu « payera chèrement » la réoccupation de Ramallah, ajoutant que son mouvement allait « frapper partout en Israël ». Le front populaire de libération de la Palestine a lui menacé, depuis Damas (Syrie), de frapper « chaque Israélien » partout dans le monde. « Nous résisterons par tous les moyens à cette guerre d'extermination livrée par Israël, et le peuple palestinien à l'intérieur et à l'extérieur frappera partout », a affirmé Maher Taher, membre du bureau politique du FPLP. A Paris, le ministre français des affaires étrangères Hubert Védrine a pour sa part déclaré que la solution au conflit entre Israël et la Palestine ne sera pas trouvée « à coups de chars » contre la résidence de M. Arafat. A Moscou, le chef de la diplomatie russe, Igor Ivanov, a annoncé l'intention de la Russie d'effectuer de «nouvelles démarches» communes avec Washington, l'UE et l'ONU pour enrayer « la dynamique alarmante » de la situation au Proche-Orient. L'Union Européenne a elle aussi dénoncé l'offensive israélienne en violation de la souveraineté palestinienne. « «L'action militaire a ses limites. On ne va pas résoudre le conflit israélo-palestinien par l'action militaire », a déclaré la porte-parole de Javier Solana qui s'est entretenue vendredi matin avec Yasser Arafat et Shimon Peres. Enfin, l'émissaire américain Anthony Zinni a décidé de rester et a promis personnellement à Yasser Arafat de tenter de calmer les choses.