Le cabinet de sécurité israélien s'est réuni après une soirée et une nuit sanglantes en Israël et des représailles meurtrières qui ont visé le propre bureau de Yasser Arafat. Seule lueur d'espoir, Riyad a explicité son projet de normalisation avec Israël. Plusieurs ministres israéliens se sont prononcés pour une réaction dure aux attentats mais l'on ne s'attendait pas à ce que le Premier ministre Ariel Sharon accentue encore l'escalade des rétorsions en Cisjordanie et dans la bande de Ghaza alors que l'émissaire américain pour le Proche-Orient, Anthony Zinni, est attendu dans les prochains jours. Un attentat-suicide et un autre à l'arme automatique ont tué quatorze Israéliens et leurs trois auteurs palestiniens et blessé plus de 150 personnes samedi soir. La répression israélienne ne s'est pas faite attendre en réaction l'attentat-suicide perpétré à quelques dizaines de mètres de la résidence d'Ariel Sharon à Al-Qods et à l'attentat de Netanya près de Tel-Aviv, en déclenchant des opérations de représailles qui ont dévasté les bureaux de Yasser Arafat à Ghaza. Une opération qualifiée par la direction palestinienne de « grave atteinte à la souveraineté nationale ». Et les Arabes israéliens observaient dimanche une grève générale de solidarité avec les palestiniens dans toutes les localités arabes. A Al-Qods, un kamikaze a fait sauter une charge explosive, quelques heures après la fin du shabbat, le repos juif, dans un café bondé en plein centre de la ville. A Netanya, au nord de Tel-Aviv, deux Palestiniens ont ouvert le feu à l'arme automatique et lancé des grenades sur la foule, tuant trois personnes et en blessant cinquante autres, avant d'être abattus. L'attentat de Netanya a été revendiqué par les Brigades des Martyrs d'Al-Aqsa, groupe armée proche du Fatah de M. Arafat, alors que celui d'Al-Qodsa été doublement revendiqué par les Brigades et la branche armée du Hamas. Au milieu de toute cette fureur, le chef de la diplomatie saoudienne a proposé dimanche à l'Etat hébreu une reconnaissance pleine et entière en échange du retrait total des territoires occupés et de la création d'un Etat palestinien ayant Al-Qods pour capitale. Le prince Saoud Al-Fayçal a déclaré à la presse à Charm El-cheikh en Egypte : « les pays arabes soulignent leur intention de réaliser une paix durable et globale mais, en même temps, Israël doit monter sa bonne foi envers la paix ». Analysant les événements, la presse israélienne relevait dimanche la portée symbolique du sanglant attentat suicide d'Al-Qods, perpétré samedi soir dans « l'un des lieux les plus gardés de l'Etat d'Israël », à quelques dizaines de mètres de la résidence de Sharon. «La nuit dernière, quelque chose d'important s'est produit », écrit le «Yedioth Aharonoth», expliquant que si le spectacle des morts, du sang, de la destruction est «habituel», la «différence est le lieu choisi» pour l'attentat suicide. «Symboliquement, cette frappe dans le quartier de la résidence du premier ministre n'est pas moins importante que les bombardements de l'armée près des bureaux d'Arafat à Ramallah», ajoute l'éditorialiste, soulignant la «symétrie » des opérations. « Les deux parties ont trouvé le moyen de frapper l'autre au cœur», conclut le journal, qui ne voit plus qu'une «issue amère » pour « ne pas tomber dans le piège de la guerre » : la séparation des deux peuples. Et, alors que le vice-président américain Dick Cheney est attendu dans la région, sur le terrain -des chasseurs israéliens F-16 ont bombardé dimanche après-midi des cibles palestiniennes au nord de la ville de Ghaza. Rien ne laisse présager la moindre accalmie.