Leur musique est puisée dans le patrimoine hassani. Alliant danse et paroles à leur manière, le groupe de Bnat Aichata perpétue la tradition de la Guedra. Nées à la porte du désert à Guelmim, les artistes de cette formation musicale suivent passionnément les conseils de leur chef d'orchestre Sellem Yamdah. «On ne peut pas se permettre d'engager de faux-pas, pour cela on suit ses conseils», déclare une jeune femme membre du groupe. Révélées sur la scène internationale en l'an 2000, les «Bnat Aichata» ont appris l'art et la manière de la Guedra à l'école des grands-parents. «Notre grand-père Cheikh Mâa El Aïnine est un spécialiste de la guedra, nous avons appris grâce à lui», confie Sellem Yemdeh à ALM. Cette artiste a appris les ficelles du métier depuis l'âge de 12 ans. Accompagnée de ses trois sœurs, elle a choisi de prendre le relais et de contribuer à la diffusion de cet art aussi bien au Maroc qu'à l'étranger. «Plusieurs personnes ne savent pas la signification exacte de la Guedra et la perçoivent comme un folklore, nous voulons rectifier cette fausse image», souligne la leader du groupe. Cette danse rythmique tire son nom de son principal instrument fait d'une jarre en terre cuite, recouverte d'une peau tendue et décorée. Cet art est pratiqué dans toutes les provinces du Sud, mais dans chaque région, elle possède ses propres caractéristiques. Dans une partie du Sud, la Guedra est reproduite essentiellement par des femmes. Les hommes n'y prennent pas part. Exécutée par des chanteuses assez âgées, la danse commence généralement par le chant intitulé «Le Tellouli». Celui-ci est entonné par une femme, puis repris par le groupe assis en cercle. Le chant est toujours accompagné de percussions sur la Guedra, marmite traditionnelle couverte d'une peau de chèvre tannée et d'applaudissements aux rythmes variables. Mais dans la tribu du groupe «Bnat Aichata», les Ben Ouahi, la Guedra se pratique autrement. «Chez nous, les femmes dansent aux côtés des hommes, mais seules celles qui sont célibataires», explique Sellem Yemdah. En fait, celle-ci explique que la Guedra a un rôle social. «Lorsqu'un homme est épris d'une femme, il l'invite à danser et lui accroche le sabre autour de son cou, c'est un signe qu'il veut l'épouser». A partir du moment que l'épisode du sabre se déroule dans de telles conditions, cela signifie que la femme lui appartient et la cérémonie de mariage peut commencer. Toute cette symbolique de la Guedra chez Bnat Aichata doit être préservée. «C'est notre rôle de pratiquer cet art tel que nous l'avons appris et de veiller à ce qu'il ne se perde pas», souligne Sellem Yemdeh. Depuis la fin des années 90, le groupe Bnat Aichata a été invité à plusieurs évènements artistiques au Maroc comme à l'étranger. Cette formation est allée même en Corée, en Angleterre, en Belgique et aux Pays-Bas. Mais ce groupe composé de cinq femmes et de deux hommes, se rappelle toujours de leur première sortie à l'étranger. C'était en Tunisie en 2000. Aujourd'hui, le groupe s'attelle à la réalisation de leur deuxième album après la sortie du premier opus il y a de cela 5 ans.